Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 304]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

ratoire ; toutefois, comme certains élèves n'y travaillaient qu'un temps relativement réduit, le conseil se montrait moins sévère sur le nombre des admissions. Tout >au

début, leur nombre ne fut pas très considérable et ne s'écarta guère, pour les deux années de présence utile, de celui fixé par l'ordonnance ; les candidats ne furent pas d'abord très nombreux et peu étaient éliminés aux examens d'entrée (*) Mais peu à peu les jeunes gens qui avaient échoué à l'École polytechnique commencèrent à affluer vers l'École des mines, et vers la fin du gouvernement de la Restauration il y eut jusqu'à 23 et 24 candidats pour 4 places disponibles. Lorsque l'École centrale se fonda en 1829, il y eut un moment d'arrêt dans le mouvement ascensionnel des candidats et même des admis ; beaucoup de jeunes gens préférèrent se diriger vers la nouvelle École; puis le mouvement ascensionnel

ne tarda pas à reprendre et ne cessa par la suite de s'accentuer. L'ordonnance constitutive de 1816 et les actes originaires qui l'ont accompagnée ne prévoyaient rien expli-

citement pour les élèves étrangers. Il fut admis que ceux-ci, lorsqu'ils étaient présentés par leurs ambassadeurs,pouvaient être absolument assimilés aux élèves

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français, tant pour les avantages que pour les sujétions. Dès 1818, un sujet américain fut autorisé à suivre les cours et les exercices sans passer d'examens, et sous le gouvernement de la Restauration 15 élèves étrangers sortirent de l'École, parmi lesquels on doit citer Mariannodi Riveiro, qui fut directeur des mines du Chili, et Lesoine, de Liège, sorti avec des notes exceptionnellement brillantes et qui a fait, en Belgique, dans la métallurgie, une carrière si bien remplie. (*) Pendant les sept premières années, tous les candidats quise sont présentés paraissent avoir été admis.

NOTICE HISTORIQUE.

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Pendant toute la durée du gouvernement de la Restau-

ration, que les observations qui précèdent visent plus spécialement, la vie de l'École s'écoula d'une façon relativement assez uniforme, sauf l'accroissement du nombre d'élèves qui suivit les agrandissements de 1819-1820, et le développement qui put être par suite donné aux collections. Cette régularité d'existence tint à la persistance du personnel dirigeant pendant cette période. L'École était en fait, on le sait, administrée par le conseil où restèrent tout ce temps les trois inspecteurs généraux Lelièvre, vice-président officiel, mais président

effectif, Gillet de Laumont et Duhamel, qui avait remplacé, en 1813, Lefebvre d'Hellancourt, décédé. Lefroy resta tout ce temps également inspecteur agissant exclusivement et directement sous l'action du conseil. Les changements dans le personnel enseignant ne furent pas très sensibles : Baillet et Berthier restèrent respectivement professeurs d'exploitation et de docimasie pendant toute la période ; si, en 1822, Hassenfratz fut remplacé par Guenyveau (*), celui-ci ne paraît pas avoir apporté de (*) Guenyveau, né à Saumur, le 16 mars 1782, mort inspecteur général des mines en retraite le 3 janvier 1861, avait constitué avec Beaunier la première promotion (1802), qui fit toutes ses études à Moutiers. 11 y avait décelé, en même temps que Berthier, de la promotion précédente, des aptitudes remarquées pour la chimie, qui le firent appeler en 1806 au laboratoire de l'administration à Paris, pour y travailler sous Descotils. Guenyveau n'a laissé que quelques rares notes de chimie et de métallurgie dans le Journal des mines et les premiers volumes des Annales des mines. Il a publié en 1824 (1 vol. in-80) un précis assez sommaire sur les Principes généraux de métallurgie, et, en 1835 (1 vol. in-8°), un mémoire sur de nouveaux procédés pour

fabriquer la fonte et le fer en barres. Il resta professeur à l'Ecole, de 1822 à 1840, date à laquelle il fut remplacé par Le Play. Cet assez long enseignement de 18 ans ne paraît pas avoir laissé beaucoup de traces. Des légendes même se sont créées qui ne témoigneraient guère en faveur du cours professé par Guenyveau; tout le monde connaît notamment