Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 280]

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NOTICE HISTORIQUE.

L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

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des installations diverses que nécessitait l'enseigne-

ment à donner à des élèves. Aussi aucun professorat ne fut-il jamais constitué à Geislautern ; aucun élève n'y fut placé à demeure pour y faire un stage de quelque durée ; quelques élèves hors de concours venus de l'École de Moutiers ont pu y passer comme sur tout autre établissement. Il rie faut donc voir dans Geislautern que l'embryon d'un arrondissement minéralogique, c'est-à-dire d'une entre-

prise industrielle gérée par l'administration des mines, analogue à l'arrondissement de la Tarentaise dont nous allons parler, sans que celui-là ait eu les brillantes destinées que Schreiber devait donner à celui-ci. Guillot-Duhamel, aidé de Beaunier et de Colmelet,- a eu du reste à s'occuper principalement du travail considérable nécessaire à la délimitation des soixante concessions qui, conformément au décret du 13 septembre 1808, devaient

être instituées sur le bassin houiller de Sarrebrück. Les événements de 1814 devaient survenir avant que cette importante opération eût abouti. A l'invasion de 1814, Beaunier dut se réfugier à Metz, où il resta enfermé jusqu'à la paix. Le traité du 30 mai 1814 nous avait laissé Geislautern tandis qu'il nous avait enlevé tous les établissements de la Tarentaise. L'administration

songea donc, autant que les événements permettaient de le faire, de tirer désormais parti de Geislautern pour l'enseignement. Brédif, que nous retrouverons sous-directeur de la mine de Pesey, fut placé en la même qualité sous les ordres de Beaunier qui, à la paix, était retourné à Geis-

lautern. Mais ils furent obligés de fuir à nouveau en juin 1815, assez heureux pour sauver le matériel, le S produits et les pièces de comptabilité de l'établissement que la France allait perdre définitivement cette fois.

CHAPITRE V. L'ÉCOLE DES MINES DU MONT-BLANC. (180'2

1814).

Pesey, où Chaptal et Napoléon avaient déporté l'École des mines, est une assez pauvre commune de la Tarentaise, dont le seul avantage est d'être située dans une vallée des plus justement réputées de la Savoie pour sa beauté pittoresque; elle s'ouvre sur la rive gauche de l'Isère à quelque 20 kilomètres en amont de Moutiers et descend du gla-

cier de Pépin qui couronne sur sa face septentrionale l'Aiguille du midi (3.360 mètres d'altitude). Pesey, à une altitude de 1.300 mètres, est à 4 kilomètres en amont du débouché de la vallée ; les mines sont a 4 kilomètres plus haut ; le gite affleure à la cote de 1.580 mètres sur la rive gauche de la vallée, au pied de la falaise que surmonte le glacier. Un sentier accessible seulement aux mulets reliait à cette époque Pesey et la mine à la vallée ,de l'Isère.

La mine de Pesey est constituée par un filon-couche ; l'exploitation a porté à peu près exclusivement sur une colonne, très inclinée, de galène tenant 210 grammes d'argent aux 100 kilogrammes de plomb. La colonne avait été extrêmement riche dans les parties hautes où elle avait présenté une puissance de 8 mètres, donnant assez aisément des minerais à 82 p. 100 de plomb. Puissance et richesse

avaient diminué rapidement en profondeur. En 1806, à l'avancement, à une profondeur d'une centaine de mètres, on n'avait plus que 1 mètre de minerai de bocard (*). (*) Les renseignements anciens sur la mine de Pesey sont extraits en majeure partie d'un mémoire de H. Lelivec, ingénieur -des mines du département du Mont-Blanc, qui a été inséré dans le