Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 270]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

ment devait être d'autant plus fructueux pour les élèves qu'il leur était donné dans un milieu éminemment favorable à leur entraînement. La maison d'instruction de l'agence des mines avait, dès l'an III, reçu d'assez belles collections minéralogiques qui s'étaient incessamment accrues par les échantillons que chaque année les inspecteurs et ingénieurs rapportaient de leurs tournées ; elle possédait un laboratoire richement doté, pour l'époque, en appareils et en produits chimiques divers. D'autre part, à ce moment, tout le corps des mines avait sa résidence à Paris, et pendant quatre mois d'hiver, au retour des tournées, devait se réunir périodiquement en conférence autour des trois conseillers des mines, à l'hôtel de Mouchy. Primitivement les élèves des mines devaient accompa-

gner les inspecteurs et ingénieurs dans leurs tournées. Mais, plus tard, comme la durée de l'enseignement à l'Ecole dépassait le temps du séjour des ingénieurs à Paris, les élèves furent astreints, pour compléter leur instruction, à faire un stage sur des établissements en activité. Un arrêté du ministre de l'intérieur du 15 prairial an IX (4 juin 1801), homologuant une délibération du conseil des mines, avait décidé que les élèves de 1" classe, c'est-à dire ayant satisfait aux examens pour passer de la 2° classe, dans laquelle on débutait, à la ire, ne pourraient être nommés ingénieurs surnuméraires qu'après avoir résidé sur des établissements en activité pendant au moins deux campagnes, et avoir été reconnus suffisamment instruits dans la pratique. En somme, sous l'intelligente direction du conseil des mines, l'École avait trouvé la formule de l'enseignement qui, sous réserve des progrès dans les sciences enseignées, devait être suivi à peu près inaltéré jusque vers la fin du gouvernement de Juillet. Cette institution, si jeune encore, dont le passé déjà.

NOTICE HISTORIQUE.

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brillant était plein de promesses pour l'avenir, allait cependant s'effondrer subitement, et, par une singulière ironie du sort, à la suite justement des efforts, qu'il nous

reste à relater, que les fondateurs de cette belle

oeu-

vre, les trois conseillers des mines, avaient déployés avec

une longue persévérance pour la compléter et lui faire porter de meilleurs fruits. Les cours de l'an X n'étaient pas encore terminés, en effet, qu'intervenait un arrêté des consuls du 23 pluviôse an X (12 février 1802), qui supprimait de fait (A) l'École des mines de Paris pour transporter l'institution en Savoie. Avant de la suivre dans cet exode, nous aurons à dire à la suite de quelles circonstances intervint cette mesure. L'article 7 de cet arrêté du 23 pluviôse an X confir-

mait l'existence du conseil des mines, avec ses trois membres, placé à côté du ministre de l'intérieur. Mais, quelques jours après, un autre arrêté du 18 ventôse an X (9 mars 1802), s'inspirant partiellement des mêmes idées, vint disperser le personnel jusque-là resté concentré

autour du conseil, en organisant, comme il a subsisté depuis, le stationnement des ingénieurs dans leurs circonscriptions de service, au lieu du système de la résidence générale à Paris, qui avait été jusqu'alors la règle. On conserva toutefois à l'hôtel de Mouchy, où le conseil des mines continua à avoir son siège, le laboratoire de chimie avec ses dépôts de substances chimiques, la plus grande partie de la bibliothèque et des collections de modèles, et surtout la collection des roches et minéraux (*) 11 est curieux de constater que l'arrêté du 23 pluviôse an X ne s'est même pas donné la peine de prononcer la suppression de l'Ecole des mines de Paris. C'est qu'en effet, pour le gouvernement, elle devait être considérée, depuis la loi du 30 vendémiaire an IV, comme n'ayant plus d'existence légale, mais subsistant par mesure transitoire jusqu'à l'établissement de l'Ecole pratique, à installer sur une mine, seule école qui pouvait avoir une existence régulière.