Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 260]

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NOTICE HISTORIQUE.

L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

vait y avoir deux leçons par décade de chacun de ces cours.

Ces cours étaient si peu faits pour les élèves entrés dans le corps, qu'il était spécifié (art. 18) que, pendant les quatre mois d'hiver passés à Paris par les inspecteurs et ingénieurs, les élèves devaient être envoyés sur une exploitation de mines pour y prendre des leçons de pratique. Les cours paraissaient donc destinés plutôt à ceux qui vou-

laient passer l'examen nécessaire pour être nommés élèves. L'agence, on le verra, comprit et appliqua l'arrêté sur un plan bien différent, à la fois plus ample et plus rationnel.

Pour établir l'École et la conférence des ingénieurs, l'arrêté du 24 messidor an II (12 juillet 1794) qui avait remis à l'agence l'hôtel Périgord pour son service propre, lui remit l'hôtel contigu de Mouchy, 293, rue de l'Université, affecté plus tard au dépôt de la guerre (*). L'agence devait y installer une bibliothèque, un laboratoire d'essais,

des collections de modèles, un cabinet de minéralogie « contenant toutes les productions du globe et toutes les productions de la République rangées suivant l'ordre des localités (') » (art. 19). Pour aider à former les collections de la nouvelle institution, on mit à sa disposition la collection de minéralorelies des divers pays du monde, les instructions relatives aux gîtes de minerais, le dénombrement des richesses minérales propres aux quatre-vingt-trois départements de la France, et enfin l'art de préparer et de conserver toutes les productions de la nature ». (*) Au milieu de t814 seulement, comme nous le dirons par la suite, l'administration des mines abandonna l'hôtel de Mouchy. Il formait le n° 71 de la rue de l'Université avant le percement du boulevard Saint-Germain qui l'a fait disparaître. Sur la partie de son emplacement restée à l'administration de la guerre a été partiellement élevé le bâtiment du ministère en façade sur le boulevard. (*") Il faut voir là l'origine des collections statistiques départementales qui figurent encore àl'École des mines avec un si grand développement.

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gie de Cruettard, par arrêté du Comité de Salut public du 26 fructidor an 11 (12 septembre 1794); les modèles et la bibliothèque de Dietrich, par arrêté du 28 fructidor an II (14 septembre 1794) (*). Un arrêté de la commission tem-

poraire des arts du 28 brumaire an III (18 novembre 1794) avait également attribué à l'agence des mines une partie de la bibliothèque de Lavoisier sur la physique, la chimie, la minéralogie et la métallurgie ; Mais on sait que Mme Lavoisier put se faire restituer peu après tous les biens de son mari ("). La collection de minéralogie de Joubert fut, en outre, acquise après décès, par autorisation du Comité de Salut public du 9 frimaire an III (29 novembre 1794). Les collections de l'agence des mines

avaient également reçu une part de divers cabinets saisis par le Comité de Salut public ou la commission temporaire des arts (*'). Toutefois les collections vraiment scientifiques ne paraissent pas avoir été jamais bien riches à l'hôtel de Mouchy. Le nombre des échantillons a fini par être relativement considérable, quelque 100.000 échantillons ou objets en 1814; mais ces collections consistaient presque exclusivement en suites assez peu méthodiques de roches, de produits de mines et d'usines, réunis par les inspecteurs dans leurs tournées ou envoyés par les exploitants et usiniers.

Le premier concours pour le choix des élèves eut lieu, suivant un arrêté du Comité de Salut public du 16 (*) Nous n'avons pu savoir si la collection de Guettard n'avait pas été restituée comme celle de Lavoisier. Celle de Dietrich, en tout cas, paraît avoir été retenue d'après les anciens catalogues conservés à l'Ecole. (**) V. Lavoisier, par Ed. Grimaux, p. 342 et suiv.

(***) Les vieux catalogues de l'École portent la trace de ces acquisitions. On y voit notamment une suite de 500 échantillons

indiqués comme provenant du cabinet du séminaire de SaintSulpice.