Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 253]

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NOTICE HISTORIQUE.

L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

Dès la fin de 1783, ou tout au moins aux débuts de 1784, l'École était en fonctionnement régulier. Une première promotion de huit élèves y avait été admise. Mais, contrairement aux clauses de l'arrêt de 1783, les élèves paraissent avoir été tous brevetés après une seule année de cours (*). Dans cette première promotion se trouvaient Lelièvre et Lefebvre d'Ilellancourt, qui vont jouer pendant tant d'années le rôle le plus important dans l'histoire de notre administration des mines et de nos écoles. Une autre promotion entra à l'École en 1786, composée de 21 élèves, dont 9 surnuméraires, et après une année de cours également, 10 d'entre eux sortaient brevetés.

Ces élèves surnuméraires étaient ceux qui ne touchaient pas l'indemnité annuelle de 200 livres réservée aux douze élèves titulaires, ou stipendiés comme les appelle Sage, par suite d'une application quelque peu détournée de la disposition formant l'article 12 de l'arrêt organique de 1783 (**).

Les élèves de l'École des ponts et chaussées étaient en outre tenus de suivre, à l'hôtel des Monnaies, le cours de chimie et de minéralogie de Sage; ils accroissaient ainsi le nombre des auditeurs, sinon effectivement présents, du moins que le vaniteux professeur pouvait s'attribuer.

A. partir de 1787, il n'y aurait plus eu de nouveaux élèves admis à l'École; mais ceux entrés antérieurement

ripe sur les mines) indique 20.100 livres, mais avec un décompte certainement erroné, puisqu'il attribue 600 livres à 20 élèves. (*) Tous les renseignements sur le mouvement des élèves de l'École de Sage sont extraits d'un rapport officiel de Dufrénoy, de 1834, sur l'historique de l'École des mines; mais nous n'avons

pas su retrouver les documents originaux d'après lesquels Dufrénoy a pu donner ces indications. (*") Sage (br. : Fondation de l'École royale des mines) dit que le traitement des élèves stipendiés était de 500 francs et leur indemnité de voyage de 200 francs; nous croyons qu'il commet une confusion.

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ont dû y rester en partie au delà du temps normal, puisque la loi précitée du 27 janvier 1792 règle rétroactivement, tant pour 1790 que 1791, pour six élèves, l'indemnité annuelle de 200 livres. Cet arrêt dans le fonctionnement de l'École a coïncidé avec le départ de Douet de La Boullaye et la disparition de l'intendance spéciale des mines. Le besoin des économies se faisait sentir, et Chaumont de La Millière, dernier intendant des mines et des ponts et chaussées, était un administrateur trop soigneux pour ne pas essayer d'enrayer les prodigalités qu'on reprochait à Sage et à l'administration de Douet de La Boullaye. Dans son rapport du 29 janvier 1790, au nom du comité des finances, après avoir détaillé la

dépense du département des mines, qui se montait à 140.800 livres (*), après avoir rappelé l'historique des créations successives de Sage à la Monnaie, Lebrun terminait en disant : « La dépense de l'établissement a été calculée pour un autre royaume que la France, pour la Suède, par exemple, ou pour l'Espagne, dont les mines constituent une grande partie de la richesse publique ; mais chez un peuple agricole, les mines ne peuvent être qu'objet de police et d'inspection; on doit à cette partie protection, encouragement, instruction, sans faste et sans magnificence ; l'intérêt particulier fera le reste. D'après les principes adoptés par le comité des finances, l'établissement des mines doit être réduit au simple nécessaire ; l'administrateur actuel, Chaumont de La Milhère, l'avait considéré sous le même point de vue, et le

comité se fait un devoir de lui rendre la justice d'annoncer qu'il ne proposera presque point d'économie qu'il n'eût lui-même indiquée. » Quelques mois après, à la séance du 5 juin 1790, Lebrun exposait le plan du comité des finances, qui consis(*) Non compris les appointements de l'intendant. Tome XV, 1889.

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