Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 240]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

Les choses que tout le monde a vues ou sait ne méritent pas encore d'être rappelées ; à nos successeurs de les apprécier quand l'heure sera venue d'en parler. Les règles de la convenance la plus élémentaire nous interdisaient, même quand nous aurions su pertinemment avoir avec nous vocenz populi, de parler, si ce n'est pour rap-

peler les faits matériels auxquels ils ont été mêlés, de ceux pour qui l'histoire n'est pas encore ouverte (*). (*) Aussi bien nous aurions dû nous abstenir de parler des dix

dernières années pour ne pas avoir la malechance de répéter,

avec beaucoup moins d'autorité, les renseignements donnés pour cette période dans la notice placée par M. Carnot en tête des programmes et publiée dans la Irc livraison du présent volume. Nous prions les lecteurs des Annales d'excuser les longues redites

auxquelles nous les exposons s'ils vont jusqu'au bout de notre historique; nous n'avons malheureusement connu le dessein de M. Carnot que lorsque notre travail était déjà imprimé dans desconditions telles que nous ne pouvions ni le faire disparaître de ce Recueil, ni même le modifier.

NOTICE HISTORIQUE.

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CHAPITRE PREMIER., ADMINISTRATION DES MINES ET ENSEIGNEMENT DES MINES ET DE LA MÉTALLURGIE EN FRANCE AVANT LA FONDATION DE L'ÉCOLE DES MINES EN 1783.

A peu près complètement délaissée depuis l'époque romaine, l'exploitation des mines métalliques fut, on le sait, reprise sur quelques points de la France dans les XIV° et XV° siècles (*); elle fut assez vite abandonnée ("). à la suite de la découverte de l'Amérique, et vers le milieu du XVIII° siècle seulement on se >préoccupa à nou-

veau un peu sérieusement de leur exploitation. Il est à peine besoin de mentionner les exploitations de minerais de fer, Puisqu'en dehors des Pyrénées ces minerais étaient à peu près partout fournis par des fouilles superficielles. qui ne peuvent pas être considérées comme ayant un réel intérêt pour l'art des mines. Quant aux gîtes de combustibles dont l'exploitation devait prendre pour notre pays une importance relative si considérable, on ne commença à s'en occuper que dans le milieu du XVII' siècle, et (") Suivant Garrault (1579) ( in Gobet, Anciens minéralogistes, t. I, p. 38), la fortune da célèbre argentier Jacques Coeur

serait provenue en partie des bénéfices réalisés dans l'exploitation de mines de plomb argentifère. D'après Gobet (loc. cit., t. Il, p. vu), ce serait à la reprise de

mines métalliques dans le Mâconnais et le Lyonnais que seraient dues les lettres patentes de Charles VI, du 30 mai 14:13, le premier acte général sur les mines de notre droit français. ("*) On peut se faire une idée de l'état d'oubli de toutes /es connaissances du mineur et de l'état d'abandon de toute exploitation au début du XVII' siècle par les aventures survenues au baron et à la baronne de Beausoleil, que le gouvernement avait cru devoir appeler d'Allemagne pour chercher des mines et installer des exploitations en France. Gobet (loc. cit., t. I) nous a conservé le souvenir de ce roman terminé en drame.