Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 238]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

'cette École , qui compte aujourd'hui plus d'un siècle d'existence. Créée en effet par P arrêt du Conseil du Roi du 19 mars 1783,

la première école des mines établie en France

disparut dans la tourmente révolutionnaire. Reconstituée en 1794, elle fonctionna très régulièrement à Paris jusqu'en 1802, date à laquelle elle fut transportée à Pesey, ou plus exactement à Moutiers, en Savoie ; elle y resta jusqu'aux événements de 1814 qui nous enlevèrent ce pays. Après une courte période transitoire, l'École fut définitivement reconstituée à Paris, par l'ordonnance du 6 décembre 1816, et établie à l'hôtel Vendôme, qu'elle occupe encore aujourd'hui, successivement transformé, il est vrai, et surtout considérablement agrandi. L'histoire de l'École supérieure des mines se partage donc naturellement en quatre périodes, qu'il suffirait à la rigueur d'examiner. Il nous a paru intéressant de

remonter au delà de 1783, pour indiquer à la suite de quelles étapes et à raison de quelles nécessités l'école fut créée. C'est un aperçu (*) que nous avons ainsi à présenter (*) Pour la période antérieure à la Révolution, nous avons mis à profit des renseignements, non utilisés jusqu'à ce jour, puisés dans plusieurs manuscrits de Monnet, que possède la bibliothèque de l'École des mines. Nous aurons fréquemment à parler

de Monnet qui n'a pas laissé de jouer un certain rôle à cette époque. C'était une sorte de paysan du Danube, quelque peu passionné, à l'humeur chagrine, et non dénué de prétentions,

quoique esprit de médiocre élévation; ses manuscrits ne le font pas connaître à son avantage. Ses renseignements sont souvent sujets à caution; il brouille volontiers les dates, de telle sorte que ses indications se montrent immédiatement comme matériellement erronées. Nous nous sommes efforcé de ne répéter que les renseignements que nous avons pu contrôler par ailleurs. L'École des mines possède de Monnet vingt-quatre manuscrits volumineux. Les uns appelés par l'auteur : Passe-temps de la science, au nombre de 6 à 7, contiennent sur la minéralogie, la chimie et la métallurgie des observations historiques ou scienti-

NOTICE HISTORIQUE.

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sur les origines de notre administration des mines. L'histoire de l'École, où les ingénieurs de cette administration se sont toujours recrutés, se lie d'ailleurs intimement à l'histoire de cette administration elle-même ; aussi n'avons-nous pas cru pouvoir résister au plaisir, dans les occasions si nombreuses qui se sont offertes à nous, de rappeler sommairement le souvenir des anciens ingénieurs et inspecteurs aujourd'hui disparus, qui, mêlés figues d'un intérêt médiocre quant au fond, et insignifiant comme sources historiques. D'autres manuscrits sont les journaux des divers voyages ou missions de Monnet, contenant tous, au milieu d'un remplissage sans valeur, des détails intéressants

sur la vie à cette époque; il faut citer en particulier : l'Histoire d'un voyage politique et minéralogique dans les départements du Puy-de-Dôme et de la Loire en 1794, dont le titre que nous rapportons exactement à dessein suffit pour jeter un jour sur le personnage; ce manuscrit a été publié par M. Henry Mosnier. (Le Puy, Marchessou, 1875, 1 vol. in-12). Des manuscrits beaucoup plus précieux pour notre histoire sont : 1° un Essai historique sur les mines, nô Monnet expose les faits auxquels il mêlé ou qui sont parvenus à sa connaissance; d'après les a été seignements contenus dans ce manuscrit, il est certain renqu'il a été écrit après le transfert de l'École des mines à Pesey, c'est-àdire après 1802 et avant la nouvelle loi sur les mines du 1810; 2° un État des mines, recueil de documents divers21 avril rédigé par Monnet de 1772 à 1780, contenant notamment les rapports faits par lui, comme inspecteur des mines, soit à Bertin, soit à ses successeurs. Monnet, qui avait une singulière démangeaison d'écrire, bien qu'il ne Mt pas très littérateur, avait laissé, en outre de ses 24 manuscrits, des Mémoires, en quatre volumes au moins, auxquels il renvoie souvent, mais que l'École ne possède pas. Parmi ceux qu'elle a nous citerons encore comme sur la vie au XVIII. siècle : le Cours de chimie de intéressants sur lequel nous reviendrons [p. 444, note (11 et laVaugirard, copie des lettres écrites par Monnet à ses amis pendant trente ans. Outre le voyage en Auvergne ci-dessus cité, M.

Henry Mosnier a publié la partie d'un manuscrit relatant un voyage au Mont-

Dore en 1786 (111énz. de l'Académie de Clermont-Ferrand, t. XXIX, publié à part : broch. in-8°, Clermont, Ribou-Collay, 1887), en y ajoutant une notice sur Monnet et la bibliographie complète de son oeuvre.