Annales des Mines (1888, série 8, volume 14) [Image 259]

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466 NOTE SUR L'EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE A VAPEUR

rence intérieure. Il en est de même dans beaucoup d'accidents de cette nature : la cassure commence et se développe par la circonférence extérieure du bouchon, et, comme elle est cachée par le recouvrement de la tôle, elle reste invisible; peu à peu le jeu des dilatations fait augmenter la fente en longueur et en profondeur, et, à un certain moment, toute l'épaisseur de la fonte est fendue et la cassure gagne successivement sur les deux circonférences. Une fuite apparaît alors extérieurement au chanfrein de la tôle. Dans ces conditions, un rematage de la tôle ne remédie en aucune façon au défaut et peut, au contraire, aggraver considérablement la situation, en augmentant la fente. A la sucrerie d'Aulnois, le chanfrein de la tôle porte

des traces d'un rematage, s'étendant du bas vers les deux côtés, sur 1 mètre environ de longueur. L'enquête a révélé qu'en effet ce matage avait été exécuté quatre jours avant l'accident, à la suite de fuites observées dans cette partie. Les trous de rivets du tampon étaient, non pas percés

au foret, mais venus de fonte; ces trous étaient assez irréguliers, et, pour les faire correspondre à ceux de la tôle, on avait dû, sans doute, recourir à l'opération funeste du brochage, ce qui semble résulter nettement de l'ovalisation marquée des trous de la tôle. La cause de l'accident a été mise clairement en évidence : c'est la cassure ancienne existant dans la collerette du tampon. Cet accident est un nouvel exemple, à la suite de plu-

sieurs autres, des conséquences que peut entrainer l'usage des tampons en fonte, lorsqu'ils ne sont pas mis en oeuvre suivant les règles de l'art.

DANS UNE SUCRERIE, A AULNOIS (AISNE).

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Avis de la Commission centrale des machines à vapeur.

conLa Commission centrale des machines h vapeur,

sultée sur cet accident, a émis l'avis ci-après L'accident survenu le 12 décembre 1887 est dû à la rupture d'un tampon en fonte formant tête de bouilleur. Ce tampon portait une fissure ancienne suivant la ligne de rivure ;

il s'est rompu suivant cette fissure et a été

projeté. Trois ouvriers qui travaillaient dans la chaufferie la vapeur ; ont été grièvement brûlés par l'eau chaude et qui se ils ont succombé peu de temps après ; un autre,

trouvait dans le voisinage, a été blessé. Un surveillant, accouru au bruit de l'explosion, a eu la présence d'esprit de fermer la prise de vapeur.

Les trous de rivets que portait le tampon qui s'est rompu étaient venus de fonte et la rivure défectueuse. Le générateur qui a fait explosion faisait partie d'un groupe de six chaudières non munies de clapets de retenue de vapeur; la chaufferie, en forme d'enfer, ne présentait que des dégagements difficiles ; ces circonstances ont contribué à aggraver les conséquences de l'explosion.

Les tampons en fonte ont déjà donné lieu à de nombreux accidents, notamment à ceux survenus aux forges de l'Adour le 22 février 1886 et à Montrambert le 14 août 1886 (*) ». (*) Voir Annales des Mines, 1887, ler sem., p. 183 et 186.