Annales des Mines (1888, série 8, volume 13) [Image 227]

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INFLUENCE DES MOUVEMENTS DU SOL

SUR LES DÉGAGEMENTS DE GRISOU.

remblais ne peut donc former, même avec une dépression barométrique très exceptionnelle, qu'une fraction tout à fait insignifiante de volume que dégage normalement la veine elle-même. Les mesures de grisou ont consisté dans l'observation

d'indications comparables entre elles, parce que le haut de la flamme atteint alors le sommet du tamis, et que par suite la lampe Pieler ne peut être employée qu'au-dessous de cette teneur ; ensuite cette lampe, telle qu'elle est fabriquée en Allemagne, est d'une observation très difficile, à cause des reflets brillants que donne le tamis de cuivre dont elle est pourvue, et qui masquent en partie l'auréole de la flamme. Mais quand ce tamis est fortement terni par l'oxydation et la fumée, ou qu'on lui substitue un tamis en fer, la pointe de l'auréole est très nette. La compagnie d'Anzin a muni en outre ses lampes Pieler de cuirasses en tôle, percées d'une fenêtre à volet pour

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faite tous les jours, à six heures du matin, d'une lampe Pieler au point À du retour d'air (voir pl. VI, fig. 1). Le degré de précision de cette lampe, comme indicateur de grisou, pour des teneurs comprises entre 0,5 et 1,5 p. 100, est tout à fait suffisant pour un observateur exercé qui se

sert toujours de la même lampe. Les nombreuses expériences faites avec cette lampe par les ingénieurs de la compagnie d'Anzin et par nous-même, nous ont montré que, même pour des lampes différentes, les hauteurs d'auréole n'accusent pas des écarts de plus de 0,1 p. 100 dans la teneur en gaz, et que les indications d'une même lampe sont comparables entre elles à 0,05 p. 100 près. La graduation des lampes est faite au moyen d'un gazomètre contenant une quantité connue de gaz d'éclairage; la hauteur d'auréole est de 47 millimètres pour une teneur de 0,5 p. 100 de gaz, et de 73 millimètres pour 1 p. 100 de grisou, soit un écart de 26 millimètres pour une variation de 0,5 p. 100. Or, comme un observateur exercé peut apprécier la hauteur de la flamme à 2 millimètres près, on voit que le degré de précision est bien de

0,05 p. 100. La lampe servant aux expériences était d'ailleurs fréquemment vérifiée au gazomètre, et l'on n'a jamais constaté de variations sensibles dans les indications.

Il est assez curieux que l'inventeur de cette lampe n'ait pas appliqué au dosage du grisou cet appareil, en somme très sensible, et d'une exactitude très suffisante pour ce genre d'observations. La raison en est, je crois, que d'abord, comme je l'ai indiqué plus haut, pour des teneurs en gaz supérieures à 2 p. 100, elle ne peut donner

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observer la flamme, et d'une couronne de trous à la partie inférieure, que l'on peut obturer plus ou moins. On peut ainsi observer les auréoles dans des courants d'air très rapides, sans que la flamme soit agitée. On peut reprocher au mode de graduation adopté par la compagnie d'Anzin d'avoir été fait au moyen de gaz

d'éclairage au lieu de grisou même ; il est possible qu'avec ce dernier gaz les hauteurs d'auréole ne soient pas absolument identiques à celles que donne le gaz d'éclairage. Mais cette différence, si elle existe, n'offre pas d'inconvénients sérieux dans l'espèce, nos études ayant moins pour objet de mesurer la teneur exacte en grisou que les variations de teneur d'un jour à l'autre. Nous avons choisi 6 heures du matin pour le moment de nos expériences ; en voici le motif. 'Les ouvriers mineurs, dans le Nord, se rendant vers 51130' du matin à

leurs chantiers, ne commencent pas l'abatage avant 6 heures, et la teneur de grisou observée à ce moment est aussi indépendante que possible de la quantité de houille détachée des fronts de taille. Cette façon de procéder est d'ailleurs justifiée par la comparaison que nous avons faite entre les résultats fournis par une seule observation faite à 6 heures du matin et par quatre obser-