Annales des Mines (1888, série 8, volume 13) [Image 223]

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INFLUENCE DES MOUVEMENTS DU SOL

crosismiques en même temps que les dégagements de grisou, et il rappelle que, depuis le mois de janvier 1884,

le gouvernement japonais a inauguré une série d'expériences du même genre dans la houillère de Takoshima, une des plus importantes du Japon. Ces expériences, faites sous la direction de M. le professeur John Milne, ont

pour but de s'assurer (comme l'explique eu détail la Gazette du Japon de janvier 1884) s'il existe des phénomènes physiques ayant un rapport avec les dégagements de grisou, notamment les tremblements de terre et les variations barométriques. Le programme de ces expériences est tellement analogue à celui des études que nous avons entreprises, sans nous douter que nous étions devancés à cet égard par le Japon, que nous le donnons ci-dessous in extenso. Ce programme comporte, outre l'étude des dégagements de grisou dans la mine susdite 1° Observation des mouvements du sol au moyen d'un tromomètre ou pendule, protégé contre les courants d'air par une enveloppe, et dont les oscillations sont observées à l'aide d'un microscope ; 20 Observation de niveaux très sensibles ; 30 ,Observation des courants telluriques ; 40 Observation des mouvements qui se produisent au toit et au mur des couches de houille ; 5° Étude de l'électricité atmosphérique dans la mine; observations barométrique, thermométrique et marégraphique.. On voit que M. John Milne a envisagé l'étude corrélative des dégagements de grisou et des phénomènes physiques pouvant influer sur eux, de la façon la plus étendue, et il est à croire que ses observations donnetont des résultats d'un grand intérêt. M. Walton Brown annonçait également l'intention d'entreprendre dès 1885 une série d'observations analogues

SUR LES DÉGAGEMENTS DE GRISOU.

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près de Sunderland, endroit qui semble être favorablement situé pour ces études : les résultats de ses observations, non plus que de celles de M. John Milne, n'ont encore été publiés (voir la 20 note, page 428).

En somme, la corrélation des dégagements de grisou et des mouvements du sol est une question qui commence à peine à être étudiée scientifiquement et sur laquelle on

a, jusqu'à présent, émis plus d'idées théoriques que de preuves expérimentales.

Voici, avec les données actuelles de la sismologie, comment on peut, à notre avis, essayer d'expliquer le rôle que peuvent jouer les mouvements du sol dans les dégagements de -grisou.

Les observations méthodiques entreprises depuis une quinzaine d'années sur les tremblements de terre, principalement en Italie et au Japon, ont montré que, en dehors des oscillations lentes de l'écorce terrestre, les mouvements du sol peuvent être rattachés à deux catégories principales 1° Les secousses et les tre'pidations, caractérisées par

des chocs ou des mouvements très courts de direction verticale ou horizontale, se succédant à des intervalles variables avec une intensité plus ou moins grande, et Constituant les tremblements de terre proprement dits, ces mouvements se reproduisant dans une même région à des intervalles éloignés, variant de plusieurs mois à plusieurs années ou même à plusieurs siècles. 2° Les ondulations microsismiques ou mouvements vibratoires continus de faible intensité, perceptibles seulement avec des appareils délicats et se prolongeant pendant plusieurs heures ou même plusieurs jours, mouvements existant pour ainsi dire à l'état continuel dans tous les points du globe. Les premiers mouvements peuvent renverser des édifices, fendre et bouleverser le sol sur plusieurs kilomètres de longueur ; leur effet sur des pendules Tome XIII, 1888.

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