Annales des Mines (1888, série 8, volume 13) [Image 216]

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INFLUENCE DES MOUVEMENTS DU SOL

les variations de la pression atmosphérique et les mouvements de l'écorce terrestre. Le but des expériences que

j'ai entreprises à partir du ier février 1886, dans une fosse grisouteuse de la compagnie des mines d'Anzin, et dont les premiers résultats ont été indiqués dans les Annales des Mines (*), est d'étudier l'influence, sur les

dégagements de grisou, de ces deux séries de phénomènes; qu'il me soit permis d'adresser ici l'expression de ma profonde gratitude aux ingénieurs de la compagnie d'Anzin, qui ont bien voulu s'associer à mes recherches, ,--:111M. François, ingénieur en chef des travaux de la com-t

pagnie d'Anzin, Daumont, ingénieur divisionnaire, et -Lacroix, ingénieur de la fosse d'Hérin, et de remercier de leur dévouement et de leur zèle, MM. les gardemines attachés à l'École >des maîtres-mineurs de Douai, Maris, Cambessédès et Poteau, grâce auxquels des observations journalières sur les mouvements , du sol ont pu être faites parallèlement aux mesures de grisou effectuées dans la fosse d'Hérin.

Avant d'exposer les résultats des observations que nous avons faites dans le courant de 1886, nous croyons utile de résumer pour chacun des deux phénomènes, variations barométriques et mouvements de l'écorce terrestre, les études faites jusqu'à ce jour en vue de déterminer leur action sur les dégagements de grisou, et les considérations théoriques au moyen desquelles on peut tenter d'expliquer cette influence. ACTION DE LA PRESSION ATMOSPHÉRIQUE SUR LES DÉGAGEMENTS DE GRISOU.

Le point de départ des recherches sur les dégagements

de grisou devrait être une étude approfondie de l'état (1 8' sér., t. IX, p. '258, année 1886

livr.

SUR LES DÉGAGEMENTS DE GRISOU.

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sous lequel ce gaz se trouve renfermé dans la houille. Malheureusement cette question est loin d'être élucidée, et la solution en est plus difficile encore que celle de la formation de la houille, sur laquelle les avis sont si partagés. Les dégagements subits de quantités énormes de grisou, arrivant à produire des effets mécaniques considérables

tels que projection de blocs de houille, de berlines, de portes d'aérage, qui se produisent fréquemment dans certaines mines de la Belgique, semblent prouver que le grisou est renfermé dans les pores de la houille sous une pression considérable, et peut même parfois y remplir des cavités d'une certaine étendue dans lesquelles il est probablement à l'état liquide. Dans d'autres cas, au contraire, il semble que le grisou soit occlus ou dissous dans les pores de la houille, de même que le charbon à l'état de division extrême absorbe sous la pression atmosphérique plusieurs fois son volume de certains gaz. Ainsi des houilles considérées comme tout à fait exemptes de grisou, dégagent plusieurs fois leur volume de carbure d'hydrogène sous la cloche d'une machine pneumatique. On conçoit difficilement, dans le premier cas, comment une faible dépression barométrique de quelques millimètres de mercure peut favoriser le dégagement de gaz emprisonnés sous des pressions atteignant plusieurs cen. faines d'atmosphères ; dans le second cas, au contraire, il est fort possible qu'une légère variation de la pression atmosphérique dérange l'état d'équilibre d'absorption du

grisou par le charbon et qu'un dégagement de gaz en soit la conséquence ; niais, même en admettant que, dans tous les cas, le grisou soit simplement comprimé sous forte pression dans les pores de la houille, il est vraisemblable que, dans les surfaces mises à nu, il s'établit à l'intérieur de la houille et jusqu'à une certaine profondeur, un ré-