Annales des Mines (1887, série 8, volume 12) [Image 267]

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NOTE SUR L'EMPLOI DE L'AIR COMPRIMÉ

nible pour ces essais ; cette conduite est presque en ligne droite et s'élève seulement de 2m,20 du côté de la ville.

Sur tout ce parcours il n'y .avait alors aucune branche latérale, sauf quelques abonnés (dix à douze becs), dont on s'assurait que les robinets étaient bien fermés pendant les essais qui avaient lieu le jour. Je fis percer trois trous de 2 centimètres de diamètre à des distances bien égales sur cette partie comprise entre l'usine d'une part, et la ville de Genève de l'autre. Avec des tubes de verre de 1 centimètre de diamètre intérieur, je fis faire trois manomètres semblables, tous formés de la même manière, et je les introduisis dans les

trous percés, pour mesurer la pression au centre de la conduite ; pour cela ces tubes plongeaient dans la conduite jusqu'au milieu de son diamètre, c'est-à-dire de 0m,20. Au dehors du tube, le manomètre s'élevait verticalement et était recourbé à la lampe de manière à représenter deux tubes verticaux contigus, longs à peu près de 18 centimètres, dans lesquels on introduisait de l'eau légèrement colorée Pl. XV, fig. 8. La branche ouverte supérieure de ce manomètre était prolongée de quel-

ques centimètres. Deux aides m'aidaient à prendre les hauteurs, et chaque fois on prenait la hauteur du baromètre et la température. Ce sont ces expériences qui me donnèrent des résultats bien différents de ceux de M. Girard et

de ceux de M. d'Aubuisson, calculés pour un gaz de même densité que celui qui s'écoulait dans cette conduite.

A la fin de l'année, le colonel La Nibca, revenant de Turin (où il cherchait à obtenir l'autorisation d'ouvrir us passage pour une voie ferrée entre Coire et Turin (par le Splügen et la Via Mala), me rendit visite à son passage à Genève. Il venait d'assister aux expériences .du Val d'Oc entreprises par M. Maus et il croyait, comme tout le monde à cette époque, que cette machine serait adoptée pour le percement du Fréjus.

POUR LE PERCEMENT DES LONGS TUNNELS.

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Dans la conversation qui eut lieu entre cet ingénieur et moi, je le questionnai sur la manière dont M. Maus comptait transmettre à sa machine la force extérieure des moteurs hydrauliques. Il me répondit que la direction du

tunnel comptait se servir d'un câble sans fin, comme celui dont on se servait à cette époque pour faire monter

les trains sur le plan incliné qui est à la sortie de Lite. Pour ménager la respiration des ouvriers, il découperait la roche sans employer la poudre. L'idée de transmettre la force par l'air comprimé s'offrit alors à mon esprit, mais je ne laissai pas voir à M. La Nicca que je comptais remplacer les câbles par une conduite d'air comprimé, qui pourrait en même temps aérer le tunnel.

Quelques jours après cette visite, je reçus le rapport publié par l'imprimerie royale de Turin et qui avait reçu l'adhésion unanime de la commission dite du mont Cenis.

A la fin dé mars 1850, je repris mes expériences de résistance du gaz et je constatai que celles de 1849 étaient bien exactes. Le comte de Santa-Rosa avait été gouverneur du Faucigny et il était souvent venu me voir dans mon cabinet de physique, alors qu'il habitait Bonneville. Depuis lors il avait été nommé député et habitait Turin. Je lui écrivis

une lettre, lui demandant si un étranger pouvait être breveté dans les États sardes, et je lui disais dans cette lettre : « que je m'occupais d'expériences en vue de faci-

liter le percement du mont Cenis ».

On s'occupait beaucoup alors de ce percement, non seulement à Turin, mais aussi dans le reste de l'Italie et une partie de l'Europe. Par retour du courrier, M. de Santa-Rosa me répondit

par une lettre que je possède et dont le contenu a été constaté par la légation italienne de Genève, où il me disait entre autres choses :