Annales des Mines (1887, série 8, volume 11) [Image 265]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE

SUR M. DE CHANCOURTOIS.

écrits se retrouvent dans les diverses entreprises à la direction desquelles il a pris une part prépondérante. Telles sont notamment, au début de sa carrière d'in-

de Secrétaire de la Commission impériale lui permit de contribuer puissamment à la réalisation pratique des idées de classification systématique de M. Le Play, alors Com-

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génieur, la création déjà mentionnée de la Collection des gîtes de substances utiles, et celle de la Collection dite départementale à l'École des mines, collections encore

uniques en Europe, dans lesquelles ont été appliqués, pour la première fois, les principes de classification si féconds établis par M. Le Play et qui unissent l'une et l'autre, dans une heureuse mesure, les données scientifiques et techniques les plus précises aux renseignements

statistiques et économiques les plus utiles et les plus pratiques. Tel fut aussi son enseignement à l'École des mines,

qu'il s'efforça de maintenir à une hauteur scientifique sans cesse croissante. Pas plus que ses écrits, son cours n'était utile ni même accessible à des auditeurs distraits ou intermittents ; mais ses élèves sérieux savent quel profit durable et sans cesse croissant, à mesure qu'ils avaient à en faire l'application dans leur carrière d'ingénieur, ils ont tiré de cet enseignement puissamment synthétisé qui abordait et résolvait, dans la mesure du possible, tous les grands problèmes des sciences géologiques.

Pourtant cet enseignement, en général si austère, prenait des allures plus familières et s'illuminait, en quelque sorte, de clartés soudaines, sans rien perdre de son élévation, quand M. de Chancourtois le transportait de l'amphithéâtre sur le terrain, dans ces courses géologiques dont l'institution, à l'École des mines, est due à son initiative et dans lesquelles il savait devenir, pour ses élèves, un compagnon plein d'entrain et un guide aussi bienveillant qu'infatigable, tout en restant pour eux le maître admiré, aimé et respecté. Telle fut enfin cette Exposition de 1867, où sa qualité

missaire général, classification qui a imprimé à cette immense manifestation industrielle le cachet d'ordre et d'unité qui l'ont distinguée de toutes les autres Expositions universelles. Elle permit, en outre, à M. de Chancourtois de donner une consécration éclatante à ses idées

favorites d'unification par la création du Pavillon des mesures et des monnaies, qui, placé au centre même de l'exposition, était en quelque sorte la glorification du système métrique ; et M. de Chancourtois avait insisté pour que la pensée philosophique, qui avait présidée à l'installation de ce pavillon, fût symbolisée par cette inscription tracée en lettres d'or sur la coupole du petit édifice : Omnia, o Deus, fecisti ex numero, mensurd et pondere. Enfin, dans le même ordre d'idées, la création du « Jury

spécial », qui avait été proposé par M. Le Play pour répondre aux idées humanitaires de l'Empereur Napoléon III et à la 'réalisation duquel M. de Chancourtois a été associé dans une large mesure, lui fournit l'occasion d'affirmer son désir de voir la glorification du travail, de la puissance et

des intérêts matériels de l'Humanité, couronnée et en quelque sorte rehaussée par la récompense des vertus sociales et des qualités d'ordre purement moral. Cette période de l'Exposition de 1867 fut le point culminant de la carrière de M. de Chancourtois. Nominé ingénieur en chef de Ir° classe le 5 janvier,

Commandeur de la Légion d'honneur à la grande cérémonie du 1er juillet, puis, l'année suivante, SousDirecteur du service définitivement constitué de la Carte géologique, il semblait destiné à achever, dans des conditions exceptionnelles, une carrière aussi brillamment

inaugurée. Il lui eût été facile de recueillir, lors de .la