Annales des Mines (1887, série 8, volume 11) [Image 254]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE

dès l'âge de dix-huit ans, à l'École polytechnique, où de brillantes études lui permirent de choisir la carrière des mines et de devenir Pélève de cette pléiade d'ingénieurs illustres : Dufrénoy, Élie. de Beaumont et Le Play, qui se partageaient alors l'enseignement de l'École des mines et dont les deux derniers surtout devaient exercer une si profonde influence sur la carrière extérieure comme sur la vie intellectuelle de leur jeune auditeur. Ses études achevées, il choisit, comme but de la mission

qui clôt pour les élèves l'enseignement de l'École des mines, la Hongrie, Banat et la Turquie. Deux notes, insérées dans les Annales des mines, sur la Fabrication du cuivre à Szaska et sur l'Extraction de l'argent par voie d'amalgamation à Cziklowa, montrent tout le sérieux avec lequel fut accomplie la première partie de cette mis-

sion. Quant à la seconde, elle prit une envergure inattendue , M. de Chancourtois s'étant résolument lancé dans des voies nouvelles et lui ayant donné pour objectif

l'exploration de l'extrémité orientale de l'Asie Mineure. L'étude des richesses naturelles et des faits géologique si intéressants de ces contrées, à peu près vierges à cette époque de toute investigation scientifique, le retint près d'une année dans les montagnes de l'Arménie et du Turkestan et eut une influence décisive sur son avenir, en faisant des études géologiques l'objectif principal de ses méditations et de ses travaux. La sûreté de son coup d'oeil, la finesse de ses facultés d'observation et l'ampleur de ses vues d'ensemble se révélèrent dans les deux mémoires qu'il présenta, à son retour, à l'Académie des sciences, et dont le premier avait

pour objet : La nature des eaux du lac de Van et

du

natron qu'on en retire, et le second : L'exploration géo-

logique d'une partie très peu connue de la Turquic Cette série de publications, d'une valeur scientifique

SUR M. DE CHANCOURTOIS..

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réelle, devait naturellement attirer, sur le jeune ingénieur, l'attention de ses chefs et celle de l'Administration supérieure. Aussi, après un court séjour de trois ans (18451848) en province, où il se vit successivement chargé des sous-arrondissements minéralogiques de Mézières, d'Orlé,ans et de Nantes, fût-il rappelé à Paris, dès 18'18, pour faire partie, comme professeur de topographie souterraine, du corps enseignant de l'École des mines et y organiser, avec M. Le Play, la collection des Gîtes minéraux, et celle de la Statistique minérale de la France. Peu de temps après, en 1852, il fit ses débuts dans la carrière de l'enseignement de la géologie, sous les auspices d'Élie de Beaumont dont il était l'admirateur passionné et le disciple dévoué. Il eut le rare bonheur de les faire, à l'âge de trente-deux ans à peine, dans ce cours de géologie qu'il devait professer pendant plus de trente années, avec une autorité toujours croissante, d'abord comme suppléant, puis comme professeur adjoint (1856), enfin comme successeur du maître de la géologie française (1875). Sa première publication, faite à l'occasion de l'introduction des études scientifiques dans les lycées, en 1854, révèle déjà les qualités de clarté et de méthode qui caractérisent toute son uvre. Elle est intitulée modestement : Notions préliminaires de géologie extraites du cours de Monsieur Beudant, et se fait remarquer surtout

par l'aperçu de lithologie qu'elle renferme, aperçu qui contient en germe toute une classification systématique des roches et dont la précision est telle qu'elle pourrait fournir, aujourd'hui encore, un excellent avant-propos aux études géologiques. Choisi, la même année, comme collaborateur par

IL Le Play pour l'organisation de l'Exposition universelle de 1855, M. de Chancourtois trouva, dans les importantes fonctions qui lui étaient confiées, une heureuse occasion de faire valoir l'étendue et la variété de ses