Annales des Mines (1886, série 8, volume 10) [Image 213]

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GISEMENTS DE MINERAI DE FER

tuellement ; leurs parois sont profondément crevassées, dégradées et déchiquetées. A la première inspection, ces cavités paraissent éparses et dispersées au hasard, sans aucun ordre apparent ; mais en parcourant le champ d'exploitation et l'examinant avec plus d'attention, on est frappé par la rencontre de plusieurs sillons parfaitement rectilignes , d'une longueur de cent mètres environ. Ces sillons, complètement semblables à de petits fossés, sont parallèles entre eux et à un grand nombre de sulcatures qui existent à la surface du calcaire jurassique et dont les arêtes Sont arrondies

comme si elles avaient servi à la circulation d'eaux acides ; la direction commune est nord 12° ouest, c'est-

à-dire précisément celle de la faille de Sancerre.

Si maintenant on cherche à se rendre compte de la manière dont sont disposées les cavités que présente le calcaire jurassique, on remarque que les plus nombreuses et les plus importantes se coordonnent et s'alignent bien

nettement suivant des directions parallèles à celles des sillons dont nous venons de parler. L'exploitation souterraine du bassin de Dun-le-Roi ne permet pas les observations détaillées que nous avons pu faire sur l'exploitation à ciel ouvert, grâce à l'enlèvement complet des terrages superposés au calcaire jurassique : néanmoins les travaux souterrains montrent bien que si le toit de la couche forme une surface assez régulière, le mur, au contraire, est excessivement ondulé et présente des cavités dans lesquelles le minerai s'enfonce; en outre, l'exploitation est souvent arrêtée par des piliers

calcaires qui interrompent la couche, et sont restés comme des témoins des dégradations et corrosions subies

par le terrain jurassique (fig. 4, Pl. V). On voit aussi, sur quelques points, des massifs de calcaire lithographique s'élever du fond du bassin, percer à travers la masse du calcaire lacustre, et venir affleurer

DU CENTRE DE LA FRANCE.

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au jour (fig. 5, P1. V). Cette apparition du calcaire jurassique n'est pas d'ailleurs le résultat d'une faille, car on

voit le calcaire lacustre l'entourer complètement ; on

doit par suite considérer ces massifs comme ayant formé des rochers émergés au milieu du lac où se sont déposés

successivement l'argile à minerai de fer et le calcaire lacustre.

Il n'est donc pas douteux que, si nous pouvions pénétrer dans tous les détails de la structure de la couche de Dun-le-Roi, nous y retrouverions sur toute son étendue les accidents observés sur les affleurements.

C'est d'ailleurs un fait général et depuis longtemps constaté, que le minerai repose toujours sur une surface irrégulière, ondulée et bosselée. Ce fait a été depuis longtemps signalé par M. Beau (*), pour les amas lenticulaires du val de l'Aubois, dans la note qu'il a présentée sur les minières de ce bassin, lors de la réunion de la Société géologique de France à Nevers. Nous sommes ainsi conduits à considérer les couches ou lentilles de minerai comme résultant de la juxtaposition et de l'épanouissement de gisements en poches dont les parties supérieures soudées forment un amas continu sur une certaine étendue, tandis que les parties inférieures ont laissé leur empreinte sur le calcaire jurassique ; en un mot, la formation des couches et des lentilles est due aux mêmes agents que ceux qui ont donné naissance aux dépôts superficiels isolés, agents dont l'action n'a pas été localisée comme dans ce dernier cas, mais a eu plus d'intensité et de généralité dans une région donnée. Nous allons maintenant aborder l'étude des gisements dits en filons : cette étude va être singulièrement facilitée par les considérations que nous venons de présenter et les résultats auxquels nous sommes arrivés, les diverses (*) Bull. Soc. géol., 2° série, XV, p. 677.