Annales des Mines (1885, série 8, volume 8) [Image 170]

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ÉTUDE SUR LES EAUX MINÉRALES

paraître suffisant, comme le pensent les gens du pays, d'ouvrir une fouille, n'importe où, dans le granite pour faire surgir une source, ori ne 'tarde pas, en étudiant de plus près la question, à se rendre compte qu'il n'en est rien et que ces émergences obéissent, au contraire, à des lois bien déterminées. En examinant les terrains primitifs mis à jour, nous pûmes remarquer que la roche granitique, surtout dans le voisinage des sources, est sillonnée par de nombreux

filons d'aragonite dont la formation ne saurait être

attribuée qu'aux eaux minérales ayant circulé dans les fissures primitives de la roche, et que les dégagements d'eau et de gaz ont toujours lieu, à la surface de cette dernière suivant des fissures dont les parois sont recouvertes de couches plus ou moins épaisses d'aragonite (voir Pl. V, fig. 6 et 7). A l'appui de cette opinion nous citerons les dépôts d'aragonite qui se forment dans les tuyaux d'adduction des eaux

et qui, pour la source Deval, ont atteint en vingt années une épaisseur de 6 millimètres dans un tuyau de plomb de 46 millimètres de diamètre intérieur (voir Pl. V, fig. 8). De plus la roche granitique ayant été nivelée en 18811882 dans l'emplacement d'un vaste hangar dépendant de l'établissement thermal, il nous fut permis de constater les trois faits suivants 1° Les bulles de gaz s'échappant de la roche déterminaient, à la surface des flaques d'eau recouvrant le sol, des alignements parallèles nettement marqués ; 2° Les émissions de gaz avaient lieu par des fissures plus ou moins importantes donnant également issue à de l'eau, et tapissées de dépôts d'aragonite les obstruant, souvent complètement, dans une partie de leur longueur; 30 Enfin ces fissures n'étaient pas verticales, mais légèrement inclinées sur l'horizon, du moins dans les limites de notre champ d'observation.

DE CHATEL-GUYON.

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Le relèvement à la boussole d'un grand nombre de ces alignements ne tarda pas à nous montrer qu'ils se rattachaient à deux directions conjuguées, perpendiculaires entre elles, et correspondant aux orientations N. 14° E. et N. 104° E. Quant aux plongements des fissures corrélatifs de ces alignements, ils étaient respectivement dirigés vers le S.-E. et le S.-0. (voir Pl. IV). Ces observations 1° nous convainquirent que les eaux minérales n'arrivaient pas au jour par des chemi:

nées isolées et distribuées d'une manière quelconque, mais par de véritables fissures de la roche comparables à des filons et présentant une certaine étendue ; 2° nous portèrent à. penser qu'en partant .d'un point d'émergence connu , il serait possible, en faisant une série de sondages de profondeur à peu près semblable, à unô certaine distance de ce point, du côté du plongement

et suivant l'une des directions reconnues, de pénétrer dans le filon alimentaire, et de créer ainsi des issues nouvelles à l'eau minérale.

Cette manière de voir a été absolument corroborée par l'exécution de différents travaux dont nous rendrons

compte plus loin et qui nous ont permis, soit de faire jaillir' de nouvelles sources, soit de concentrer, sur des points déterminés, des sources éparses et dont les captages laissaient beaucoup à désirer au point de vue de' la conservation des eaux.

Relations existant entre les directions des filons et les accidents géologiques de la contrée. Après avoir mis en évidence le mode d'émergence des eaux minérales de Châtel-Guyon, nous avons été conduit à rechercher si les

directions des filons à travers lesquelles elles remontent à la surface du sol, n'avaient pas quelques relations avec les accidents géologiques de la contrée. Voici quels sont les résultats de nos recherches à, ce sujet :

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