Annales des Mines (1885, série 8, volume 8) [Image 25]

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THÉORIE CELLULAIRE

drons désigner quand nous parlerons, dans la suite de ce mémoire, de cellules composées. Acier forgé (fig. 6, Pl. I; grosst = 18 D). Le

cube b a été refroidi après forgeage sans précautions particulières. L'attaque par l'acide azotique y montre un réseau polygonal comparable à celui de l'acier brut, mais les cellules composées sont devenues beaucoup plus petites et beaucoup plus uniformes ; leurs limites sont aussi moins nettes et les cellules voisines présentent de très fréquentes liaisons ; les lignes métalliques brillantes qui les séparent sont le plus souvent discontinues.

Acier forgé et recuit (fig. 7, Pl. I; grosst =18 D). Les caractères de l'acier forgé s'exagèrent encore après un recuit soigné suivi d'un refroidissement lent; les cellules composées deviennent de plus en plus petites et confuses.

(cl) Acier trempé

(fig .

9, Pl. I; grosst = 18 D).

Après la trempe vive, l'acier prend, au contact de l'acide azotique, une coloration uniforme d'un noir intense qui montre bien la répartition continue du carbone à un état particulier ; la surface immergée est comme recouverte d'une mince couche de noir de fumée. La photographie a été prise -après un lavage qui a fait disparaître cette pel-

licule; l'acier trempé présente alors un aspect général plus sombre et plus plan que celui des autres échantillons; les cellules composées ont disparu ; cependant la surface est encore divisée par un réseau de sillons peu profonds, ternes, irrégulièrement enchevêtrés à la manière des vermiculures ; les grains à facettes brillantes deviennent rares ; l'éclat est légèrement vitreux; on marque parfois de minces fissures à bords brillants produites par une trempe trop brutale ; des taches noires révèlent probablement des points plus carburés. (e) Acier trempé et recuit (fig. 10, Pl. I; gros-

.

DES PROPRIÉTÉS DE L'ACIER.

sissenient 18 D.).

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Un recuit au rouge après la trempe

en fait disparaître tous les effets. La fig. 10 est tout à fait analogue à la fig. 7; peut-être la texture est-elle devenue plus fine encore et plus régulière. Acier écroui par un martelage à froid sur les quatre faces (fig. 11, Pl. I; grandeur naturelle). On remarque suivant les diagonales du carré, une sorte de croix qui coïncide avec les zones de transmission des forces, telles que les a définies M. Tresca. Dans les régions les plus fatiguées, les cellules simples sont visiblement déformées et allongées dans les plans de glissement ; en même temps, les enveloppes, moins malléables, moins extensibles que les noyaux, se sont rompues dans les mêmes plans. M. Barba rattache justement ce phénomène à celui de la schistosité des roches ; mais il n'y a là rien de commun, au point de vue anatomique, avec les effets de la trempe, bien que certaines propriétés physiques de l'acier subissent dans' les deux cas des modifications analogues.

En résumé, les attaques par l'acide azotique nous ont permis d'identifier partout nos cellules composées avec le grain de l'acier. Nous avons donc obtenu une définition précise du grain et montré comment il est

le résultat -d'un arrangement dendritique des cellules simples, avec raréfaction du ciment dans les surfaces de contact des agglomérations limitrophes. Nous arrivons en même temps à une notion plus nette de ce qu'il faut

entendre par l'homogénéité de l'acier. Cette homogénéité ne saurait être comparée à celle des liquides ou des corps amorphes. Un acier pourra être dit homogène quand les cellules qui en forment le tissu ne seront soumises à aucun ordre géométrique et posséderont toutes leur enveloppe complète.

Mais c'est là un état idéal dont les lingots, comme nous l'avons vu, s'éloignent beaucoup et vers lequel on