Annales des Mines (1883, série 8, volume 4) [Image 317]

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BULLETIN.

MÉTHODES D'EXÉCUTION DES GRANDS TUNNELS.

La brochure de M. Bridel sur les méthodes de construction rapide des grands tunnels, qui a été brièvement analysée dans ce recueil (), a donné lieu, de la part de M. Bossi, directeur de l'entreprise du grand 'tunnel du Gothard, à une réponse qu'il paraît utile de résumer également ici, tant dans un but d'impartialité qu'en raison de l'intérêt technique qu'elle présente. M. Bossi combat les conclusions de M. Bridel, touchant la préférence qu'on devrait toujours accorder à la méthode par la galerie de base, et expose les motifs pour lesquels la méthode belge, c'est-à-dire celle de la galerie de faîte, a pa'ru devoir être adoptée au SaintGothard , et serait peut-être encore préférée aujourd'hui si le travail était à refaire. La première condition en effet n'est pas la rapidité, mais la possibilité d'exécution : or on prévoyait au Saint-Gothard, en raison de la grande élévation du massif rocheux au-dessus du tunnel, un accroissement rapide et considérable de la température, et les prévisions ont été encore au-dessous de la réalité ; on se préoccupa donc avant tout de la ventilation des chantiers, et c'est afin de l'assurer dans les meilleures conditions possibles que l'on fit choix du système d'attaque par galerie de faîte avec établissement des autres chantiers en arrière du front d'attaque, échelonnés dans le sens longitudinal sur le courant de retour de l'air comprimé. Les cheminées verticales et les galeries en calotte

BULLETIN. 6o5 sion, l'avantage de la détente, qui produit un rafraîchissement énergique des chantiers, avantage capital quand on se trouve en présence de hautes températures. Cette question de la température semble devoir désormais primer toutes les autres pour l'exécution des grands tunnels alpins : elle a donné lieu déjà à de nombreuses études, en vue des tunnels projetés du Mont-Blanc et du Simplon, et l'on a été conduit à indiquer des solutions entièrement nouvelles : il. Lommel conseillerait l'adoption de la galerie de base, mais à la condition de percer celle-ci d'un bout à l'autre avant tout élargissement, afin d'établir une ventilation naturelle ; M. Stockalper a proposé de percer deux galeries indépendantes, l'une au faîte, l'autre à la base, et d'achever l'élargissement de la calotte et la construction de la voûte avant d'attaquer le stross. Ces exemples suffisent à prouver que la question du choix à faire entre les diverses méthodes est loin d'être résolue une fois pour toutes, et que, si la méthode anglaise présente sur la méthode belge certains avantages, de rapidité et de facilitéde travail, comme l'a établi M. Bride!, il ne faut lui donner la préférence que sous la réserve d'une étude approfondie des conditions thermiques qu'on doit rencontrer et qui peuvent exercer sur le choix du système de percement une influence prépondérante. (Extrait de la brochure intitulée : Réponse de la Direction technique de l'entreprise du grand tunnel du Gothard, à la brochure de M. l'ingénieur en chef Bridel. Lausanne,

1883).

R. Z.

de la méthode anglaise se seraient trouvées, ainsi que les recoupes

latérales pour l'élargissement, en dehors du courant général, et par conséquent dans des conditions thermiques telles que le travail y eût été tout à fait impossible. A l'Arlberg même, bien que la température soit de beaucoup inférieure à celle du Saint-Gothard; la montagne étant moins élevée

et le tunnel moins long, on a été obligé, du côté Est, au bout de quelque temps, de faire pénétrer dans chaque attaque en cheminée un jet d'air à haute pression dérivé de la conduite des perforatrices. Il convient de faire remarquer à ce propos que l'emploi de l'air comprimé à haute pression présente, sur l'air à faible pres-

(") Annales des mines, s' vol. de 1882, Bulletin, p. 568.

LE PERCEMENT DES TUNNELS ET LA CHALEUR SOUTERRAINE Par M. G. REVAUX.

L'emploi des moyens mécaniques pour l'abatage des roches a réalisé, depuis son application au Mont-Cenis, des progrès considérables, et le problème de la traversée souterraine des massifs montagneux pourrait être considéré comme pratiquement résolu, s'il ne restait encore à vaincre l'obstacle peut-être le moins prévu à l'origine, c'est-à-dire l'accroissement de la température interne. Trois tunnels ont été successivement percés à travers les Alpes :