Annales des Mines (1883, série 8, volume 4) [Image 313]

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596 NOTE SUR LA FLORE DU BASSIN HOUILLER DE TETE.

Les onze espèces qui viennent d'être énumérées appartiennent à la flore de l'étage houiller supérieur ; elles se

rencontrent dans le bassin de la Loire et dans celui du Gard, et je puis citer notamment, dans ce dernier bassin,

l'étage de Champclauson, à la Grand.'Combe, comme 'les renfermant toutes. Elles manquent au contraire, pour la plupart, dans le terrain houiller moyen, et si quelques-unes d'entre elles apparaissent dans le Pas-de-Calais, c'est exclusivement dans les couches les plus élevées, à Lens, à BullyGrenay, etc. Si donc il ne s'agissait pas d'une région aussi lointaine, je n'hésiterais pas à ranger immédiatement les couches d'où proviennent ces plantes dans l'étage houiller supérieur, et plus près peut-être de la base que du sommet de cet étage, à cause de la présence, parmi elles, du Sphenophyllum majus. Mais on peut se demander si les variations de la flore

ont bien

été simultanées sur toute la surface du globe, et peut-être faut-il se tenir sur une certaine réserve quand il s'agit de fixer avec précision l'âge de dépôts formés à une latitude si différente de la nôtre. Je rappellerai cependant que, pour les couches de charbon que M. Fuchs a explorées au Tong-King, j'ai trouvé une concordance parfaite entre leur flore et notre flore rhétienne, et que la comparaison avec des régions immédiatement voisines, comme l'Inde, m'a conduit à les rapporter précisément à l'étage rhétien (*). D'autre part, on sait que le vrai terrain houiller a été reconnu déjà au sud de l'Afrique, dans la colonie du Cap,

avec la même flore qu'en Europe

on y a observé en

effet (**) des Calamites, Asterophyllites equiseti formis, le Pecopteris Cisti, Alethopteris loncliitica, le Lepidoden-

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dron crenatum, des Lepidostro bus, des Hcdonia, des Sigillaria et des Stigmaria, ensemble d'espèces qui correspondrait à l'étage houiller moyen. Ces couches houillères sont' recouvertes, en stratification discordante (*) , par la série des couches triasiques de Karoo (Karoo formation),

dont l'étage inférieur (Ekka beds) appartient peut-être encore au permien.

les mêmes espèces qui vivaient en Europe à l'époque houillère se sont étendues jusqu'au sud de Ainsi

l'Afrique, et l'Afrique a possédé, comme l'Europe, les deux flores houillère moyenne et houillère supérieure, caractérisées par les mêmes groupements de formes spécifiques. Cette uniformité dans la végétation de deux régions appar-

tenant à deux hémisphères différents de notre globe est d'autant plus digne d'attention qu'à la même époque, sous le même parallèle à peu près que le Cap, ou plus exactement

à une latitude intermédiaire entre le Cap et la région du Zambèze, vivait en Australie un ensemble d'espèces notablement différent, ainsi qu'en témoigne la flore des couches de charbon exploitées dans l'État de Queensland et dans la Nouvelle-Galles du Sud.

Mais laissons de côté la région australienne pour ne considérer que la région, beaucoup plus étendue, à ce qu'il semble du moins par les documents paléontologiques que nous possédons, qui comprend, avec le continent africain,

presque tout l'hémisphère boréal, et qui était occupée à l'époque houillère par une flore d'une remarquable uniformité : nous savons en effet qu'en Chine, comme dans toute

l'Amérique du Nord, on retrouve dans le terrain houiller les mêmes types spécifiques qu'en Europe.

Cette existence des mêmes espèces à toutes les lati(*) Examen de la Flore fossile des couches de charbon du TongKing. Annales des mines, 2' vol. de 1882, p. 332. (**) George Grey, Remarks on some specimens from South Africa.

Quarterly Journal of tue geol. Soc., t. XXVII, p.

(*) eh. L. Griesbach, On the geology of Natal in South Africa. Quarterly Journal, t. XXVII, p. 53, 57.