Annales des Mines (1883, série 8, volume 3) [Image 257]

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la chaleur, on parvient, sur l'anthracite de Pensylvanie, à reconnaître, après traitement par l'alcool, des tissus végétaux à structure indiscutable, notamment des cellules parenchymateuses et prosenchymateuses et des corpuscules arrondis ayant l'apparence de spores. On ne saurait du reste attribuer ces indices d'organisation à des parcelles de fusain empâtées dans l'anthracite et attaquées plus facilement, car l'examen direct du fusain que renferme l'anthracite n'y fait jamais découvrir que des restes de tissus prosenchymateux.

Des échantillons d'anthracite de plusieurs autres provenances ont donné des résultats identiques. La meilleure méthode pour l'étude de l'anthracite paraît être l'incinération, déjà employée avec succès par Bailey et Teschemacher (*). On reconnaît dans les cendres des cellules et des fibres végétales très bien conservées, et, pas plus que dans la houille elle-même, on ne peut y découvrir aucun indice de déformation : les fibres ligneuses ont conservé la forme cylindrique qu'elles possédaient à l'état vivant, sans la moindre trace d'aplatissement, ce qui contredit formellement l'hypothèse, parfois mise en avant, de la transformation de la houille en anthracite par la seule influence d'une forte compression. Graphite. Quant au graphite, M. y. Gümbel a examiné des échantillons provenant des calcaires cristallins des gneiss des en-

virons de Passau ou des phyllites de Wunsiedel, et isolés par l'acide chlorhydrique; il n'a pu y reconnaître que des systèmes de

stries plus claires, divisant les lamelles de graphite en petites plages diversement orientées.

Conclusions.

Il résulte des observations qui viennent

d'être exposées que les combustibles minéraux des diverses époques géologiques, depuis la tourbe jusqu'à l'anthracite, forment une série continue et présentent dans leur constitution une analogie manifeste. Le terme principal de cette série, la houille, est formé d'éléments combustibles qui possèdent encore, pour une bonne partie,

la structure des plantes qui leur ont donné naissance; la houille est constituée, en effet, en laissant de côté les matières terreuses mélangées, par des débris de plantes renfermant entre eux et dans (*) Amer. Journ. of Science and Arts, 2a sen, I, 1846, p. 407, el. II,

p. 4.2o.

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leurs interstices propres une substance humique ou uhnique qui, après avoir été sans doute en dissolution à l'origine, est peu à peu devenue insoluble et donne à toute la masse une apparence amorphe.

On doit admettre que certaines parties plus facilement décomposables des végétaux dont l'accumulation devait donner naissance à la couche de charbon, se sont complètement transformées en matière ulmique en perdant leur forme et leur texture ; ces matières ulmiques ont empâté et pénétré les parties plus solides qui n'étaient pas encore décomposées et dont le squelette plus fortement minéralisé offrait une résistance plus grande, et elles se sont peu à peu solidifiées par suite de modifications chimiques encore

peu étudiées, peut-être par suite d'une oxydation graduelle. La houille est ainsi formée de substances diverses, quoique très analogues d'aspect, dont les unes correspondent aux débris des tissus végétaux et les autres, qui jouent le rôle de ciment, aux produits de la décomposition du reste de la masse végétale, matières ulmiques ou humiques, de composition certainement variable : la résistance plus ou moins grande que les divers éléments des houilles offrent à l'action des agents chimiques indique, en effet, l'existence de composés carbonés de différentes sortes.

Il a pu, dans quelques cas, comme pour le dopplérite, se produire un départ de la matière ulmique, qui a formé à elle seule des couches ou des lits d'un charbon absolument amorphe ; mais ce phénomène n'a dû jouer dans la constitution des gîtes de combustibles qu'un rôle tout à fait secondaire. La transformation en houille des accumulations de débris végétaux n'a exigé ni de fortes pressions ni une chaleur considérable. Le peu d'importance des déformations subies par les éléments des tissus organisés qu'on découvre dans les couches de charbon prouve bien que la compression n'a pu sérieusement intervenir dans leur transformation : elle ne peut non plus expliquer les

différences d'aspect des diverses variétés de charbon, puisque l'on

voit celles-ci se succéder à plusieurs reprises, alternativement mates et brillantes, dans une seule et même couche, et que la houille brillante constitue l'éçorce de troncs verticaux sur lesquels la pression des couches n'a pu exercer son influence. On doit éga-

lement rejeter l'hypothèse qui attribue h une forte pression la formation de l'anthracite, comme étant le charbon le plus compact de la série houillère : on trouve en effet, dans plusieurs gisements,

les couches d'anthracite à la partie supérieure, et l'observation Prouve aussi que les accidents, rejets, plissements, que les couches ont subis, n'ont pas toujours eu pour conséquence la transforma-