Annales des Mines (1883, série 8, volume 3) [Image 255]

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lants on reconnaît une grande quantité de fragments ligneux très divisés. Il en est de même pour la houille do Breitenbachteinbach, du moins pour la couche située à la limite entre le terrain houiller et les formations suprahouillères : les parties brillantes sont formées de débris végétaux très divisés, avec des

cellules fibreuses et des fragments de fusain ; dans les parties mates dominent les tissus prosenchymateux, avec des spores et des flocons d'argile.

Aux houilles mates se rattachent les schistes bitumineux, qui leur sont liés par des passages insensibles, et qui semblent devoir être divisés en deux groupes, l'un renfermant surtout des particules végétales, l'autre contenant plutôt, comme éléments combustibles, des débris animaux; le schiste bitumineux du bassin de Zwickau appartient au premier de ces deux groupes et renferme de très fines parcelles végétales, des débris foliaires, des membranes épidermiques, des spores et des cellules fibreuses, mélangés à une forte proportion de schiste argileux.

Quant au fusain, il se rencontre dans toutes les variétés de charbon, et doit être considéré comme un des éléments essentiels de la houille. Car, outre les fragments visibles à l'oeil qu'on observe, tantôt couvrant certains lits sur une grande étendue, tantôt isolés et épars dans la masse de la houille compacte, l'examen des

variétés brillantes ou mates en fait découvrir la présence très fréquente sous forme de fines aiguilles ou de fibres très divisées. Le fusain ne se comporte pas toujours exactement de la même ma. nière vis-à-vis des réactifs oxydants, ni même au point de vue de

l'incinération. Certains fragments en effet résistent énergiquement à l'action prolongée de l'acide nitrique concentre et du chlorate solide; d'autres se divisent en fibres isolées, d'autres encore sont partiellement attaqués, et l'on y distingue ensuite au microscope des fibres transparentes à côté d'autres restées tout à fait opaques. De même, si la calcination n'est pas très longue, certaines parties demeurent intactes à côté des autres ; par une incinération complète, on obtient un léger squelette siliceux, insoluble dans l'eau et dans l'acide chlorhydrique. L'examen des fibres isolées de fusain ne permet d'y constater aucun aplatissement, les cellules et les fibres présentant dans tous les sens des dimensions égales. La constitution du fusain, sa division en petits fragments irréguliers, la manière dont il se rencontre dans les couches de

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pourriture du bois des troncs d'arbres creux, et ces fragments ont été entraînés avec les autres débris végétaux qui devaient constituer les couches de houille. Il convient, après avoir examiné les principales variétés de charbon qui composent la houille ordinaire, de rappeler que les

matières animales peuvent aussi donner naissance à de la houille, comme le prouve la transformation en charbon brillant des débris de poissons qu'on rencontre dans différents terrains : houiller, permien, lias, etc. Cette houille animale (Zoocarbonit) forme parfois des couches minces, mais régulières, par exemple à Münsterappel dans l'étage de Lebach : le charbon de ces couches, d'un noir brillant, à cassure anguleuse, renferme un grand nombre d'écailles et de corps entiers de poissons facilement reconnaissables. Il paraît

compact et amorphe, mais les esquilles traitées par le réactif oxydant montrent des stries irrégulièrement parallèles, très caractéristiques, traversées par des veines foncées, avec des taches de formes particulières ressemblant à des cicatrices. Cannel-coal. On petit prendre comme type le cannel-coal (le Wigan, dans le Lancashire ; celui de Cleehill, dans le Shropshire, possède du reste une composition absolument identique.

C'est un charbon à cassure mate rappelant celle de l'argile

fine, tout à fait homogène d'aspect, et présentant à peine, à l'ceil nu, quelques traces de débris végétaux. Examiné en coupes perpendiculaires à la stratification, il paraît formé de lits excessivement minces, renfermant une quantité extraordinaire de petits grains jaunes ou brun clair, ronds ou elliptiques, à noyau central plus foncé, qui à la lumière polarisée se montrent faiblement biréfringents. En traitant le cannel-coal par 1s réactifs oxydants, puis par l'alcool et enfin par l'ammoniaque, on y découvre un nombre considérable de corps arrondis, qui paraissent être des spores; on y

houille, indiquent quela substance ligneuse était déjà transformée

et arrivée à un état en quelque sorte définitif quand elle a été

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prise dans la masse qui devait former la houille; il n'est pas rare d'en trouver des noyaux empâtés dans la houille brillante, sans être pénétrés par elle. On est ainsi conduit, comme l'a déjà admis Grand'Eury Cl à penser que le fusain doit son origine à un mode particulier de décomposition du bols à l'air libre, sous l'influence de périodes alternativement humides et chaudes, qui a eu pour résultat une sorte de carbonisation. Le bois est tombé ainsi en pe;its fragments, comme il arrive encore aujourd'hui lors de la

(') Grannury, loc. cit., p.11.3.