Annales des Mines (1883, série 8, volume 3) [Image 248]

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BULLETIN. 470 boraté, de pyrite ou de quartz. Ainsi que le fait remarquer M. y Gümbel, les travaux de M. Reinsch sur la structure microscopique des charbons, remplis d'observations très exactes, pèchent en plus d'un point par des erreurs d'interprétation de ce genre, déjà relevées du reste par plusieurs auteurs.

Tourbe.

C'est la tourbe qui représente, en partant de

l'époque actuelle, la première étape de la transformation des ma-

tières végétales en substance charbonneuse. L'analogie de diverses sortes de tourbes compactes (Specktorf, Pechtorf, etc.) et des bois trouvés dans les tourbières avec certains lignites quaternaires ou tertiaires est telle, tant au point de vue de la constitution physique que des conditions de gisement, qu'il est impossible

de méconnaître les liens qui rattachent les unes aux autres, les premières passant aux seconds par des transformations graduelles, On trouve dans quelques lignites des intercalations de dépôts de diatomées comme dans certaines tourbières, et l'on connaît des tourbes compactes dans lesquelles la structure des particules végétales qui les constituent n'est guère plus distincte que dans les lignites ; la compacité de leur masse n'est pas, d'ailleurs, le résul-

tat d'une forte pression, car les éléments qui s'y trouvent se montrent à peine comprimés. D'autre part, on a rencontré dans des tourbières, à om,50 seulement de profondeur, des troncs aplatis

dont l'aplatissement ne peut être attribué qu'à la décomposition et à la disparition des éléments ligneux, sans que la pression y soit pour rien. On constate, en faisant des coupes minces de ces tourbes, que les débris végétaux qui entrent dans leur composition sont séparés par une matière amorphe, soluble dans la potasse faible, qui forme

en quelque sorte le ciment de la masse et lui donne sa compacité. En comprimant, sous des pressions de 6.000 et de 9.0.000 atmosphères des tourbes composées presque exclusivement de feuilles et de tiges de Sphagnuni, M. y. Gümbel a obtenu une réduction de dimension, dans le premier cas, de 100 à 17,7 dans le sens vertical, et de 100 à 13,9 dans le sens parallèle à la stratification ; dans le second cas, c'est-à-dire sous une pression de 20.000 atmosphères, la réduction a été, respectivement, de 100 à 10,7 et de 100 à 13; mais les tourbes ainsi comprimées reprenaient dans l'eau leur vo-

lume primitif et ne pouvaient par conséquent être considérées comme transformées par la pression en tourbe compacte. Parmi les substances qui se rattachent à la tourbe, l'une des

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plus intéressantes est le dopplérite, observé dans quelques tourbières, notamment aux environs de Berchtesgaden. C'est une substance brune, élastique quand elle est humide, qui, desséchée lentement, se transforme en une masse compacte noire, à cassure brillante, qui ne réabsorbe plus l'eau et ne se dissout ni dans l'alcool ni dans l'éther ; traitée par la potasse, elle se fond en une liqueur d'un brun foncé, au milieu de laquelle on découvre quelques débris de plantes et de petits grains de couleur jaune faiblement

réfringents, montrant la croix noire à la lumière polarisée et présentant en somme la plus parfaite ressemblance avec ceux qu'on observe dans les houilles après traitement par les réactifs oxydants. Même après attaque par l'acide nitrique et le chlorate de potasse, il est impossible d'y découvrir la n'oindre trace d'organisation. Le dopplérite brûle avec une flamme fumeuse et laisse 8,25 p. 100 de cendres blanches, qui se dissolvent dans les acides avec un bruissement prononcé. Il semble que la chaux soit dans le dopplérite à l'état de combinaison chimique avec l'acide ulmique. Cette

matière offre la plus grande ressemblance, à tous les points de vue, avec celle qui constitue le ciment de la plupart des tourbes, ciment dont on retrouve l'analogue dans presque tous les combustibles fossiles (*).

Certaines tourbes se montrent formées d'une succession de lits très minces, les uns de couleur foncée, les autres de couleur claire,

et l'on constate que cette différence de coloration répond à des degrés différents de décomposition des matières végétales, les lits clairs correspondant aux parties les moins altérées. Dans d'autres on voit, sur la cassure transversale, alterner des bandes, les unes

brillantes, les autres mates, et le traitement par l'ammoniaque montre que les premières sont formées par les parties solides des plantes dont les débris constituent la masse de la tourbe.

Quelques tourbes compactes (Lebertorf) présentent, avec le boyhead ou le cannel-coal, une analogie singulière : la cassure en

est mate et d'aspect tout à fait homogène; examinées en laines (*) Il convient do rapprocher du dopplérite la matière charbonneuse qui constitue les couches de Papierkohle du carbonifère du gouvernement do Toula, dans la Russie centrale. Cette matière, interposée entre les innombrables fragments de cuticules qui donnent à la masse sa structure feuilletée, est en effet, comme le dopplérite, et bien que remontant à une époque géolo-

gique fort éloignée, complètement soluble dans la potasse et l'ammoniaque et

que je l'ai montré, tous les caractères de l'acide ulmique. (Voir Bull, de la Soc, botanique de France, t. XXVII, p. 349, et Ann. des ii. Z. sciences flot., 6* sér., Bot., t. XIII, p. 219.) elle présente, ainsi