Annales des Mines (1882, série 8, volume 2) [Image 26]

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tistes de la terre entière. L'Angleterre donna le signal et inaugura, en 1851, dans son féerique Cristal-Palace la pre-

mière Exposition universelle. Le Play y fut membre du i° jury, et remit à la commission française un rapport sur la coutellerie et les outils d'acier, qui a été imprimé à part en 1851t à l'Imprimerie impériale, et qui forme à lui seul comme un traité sur cette intéressante matière. La France eut à son tour son Exposition, qui, décrétée le mars 1855, devait s'ouvrir le 1" mai 1855. La Commission impériale chargée de la diriger avait été placée sous la présidence du prince Napoléon. Le Play, l'un des commissaires,

eut tout d'abord à préparer un système de classification des produits. Dans cette aride mission, il déploya des qualités spéciales, qui devinrent des plus précieuses en présence des mille difficultés de détail que soulevait l'entre-

prise. Le ii août 1851i, le Comité d'exécution, trop lent dans ses allures, fut remplacé par un commissaire général, le général Morin, qui lui-même céda ses fonctions à Le Play,

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P. G F. LE PLAY.

NOTICE BIOGRAPHIQUE.

le 2 3 mai 1855. L'on sait que l'Exposition de 1855 s'ouvrit officielleMent le 15 mai, aux Champs-Élysées, dans le Palais de l'Industrie, auquel fut annexée une longue galerie provisoire s'étendant sur le quai de I3illy, depuis la place de la Concorde jusqu'au pont de l'Alma. Ce qu'on connaît moins, ce sont les obstacles que Le Play, tardivement chargé du commissariat général, rencontra dans l'accomplissement de Son mandat. Insuffisance des bâtiments, lenteur des décisions, retard des constructions, inexactitude des envois, rivalité des emplacements, tout conjurait contre ses efforts. Le succès n'en fut pas moins assuré. Le nombre des visiteurs dépassa 5.000.000, et l'Exposition, qui devait fermer le 5 i octobre, fut, à la demande du public, prolongée au 15 novembre. La liste des récompenses fut insérée au Moniteur officiel le 8 décembre, et, quelques jours après, Le Play était nommé conseiller d'État. Il dut, en conséquence, abandonner ses fonctions d'inspecteur des

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études à l'École des mines et descendre de sa chaire de métallurgie, renonçant ainsi, non sans regrets, aux études qui avaient si bien rempli vingt-six années de sa vie. Le Play apporta au conseil d'État ses habitudes de travail et prit une part active à la solution d'une question qui passionna en son temps l'opinion parisienne, celle de la boulangerie. La question de la boulangerie n'en est plus une aujourd'hui. Avec la promptitude des communications par mer et la multiplicité des chemins de fer sillonnant l'Amérique et l'Europe, les populations ne sauraient plus craindre la disette. Il n'en allait point tout à fait de même, il y a une vingtaine d'années. A cette époque, le nombre des boulangeries était limité, et le pain taxé officiellement suivant le cours des céréales. Fallait-il maintenir une industrie, qui intéresse à un si haut degré le repos public, sous la tutelle de l'administration, en réglant son monopole? Convenait-il de lui donner la liberté, en lui laissant pour seul frein la concurrence? La question divisait les meilleurs esprits. Après une enquête l'estée célèbre, qu'il étendit jusqu'au commerce des grains, Le Play conclut en faveur de la liberté. Son avis fut adopté par le gouvernetuent.

La troisième Exposition universelle eut lieu à Londres en

t862. Le Play y dirigea la section française en qualité de commissaire général.

En 1867, l'honneur de la quatrième Exposition revint à la France. Elle fut, comme celle de 1855, confiée à une Commission impériale, placée sous la présidence du prince Napoléon, qui donna peu après sa démission, et Le Play,

commissaire général, fut en réalité l'organisateur tout puissant de cette grande oeuvre. Par une combinaison aussi hardie que nouvelle, l'État, la Ville de Paris et le public furent associés au succès financier de l'entreprise. L'État de-

vait fournir 6 millions, la Ville 6 millions, et le public 8 millions. Ces 8 millions ne constituaient qu'un fond de