Annales des Mines (1882, série 8, volume 1) [Image 282]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

546

547

EXPÉRIENCES SUR LA PRESSION DU GRISOU

DANS LA ,HOUILLE.

teuses sont de véritables niveaux gazeux, en tous points

vait être soumis à une température atteignant ou même

comparables aux niveaux aquifères.

dépassant too°. Cette température était un énergique agent

Il en résulte que le gaz ne peut être maintenu dans la houille que par une enveloppe étanche susceptible de résister à la pression maxima H du grisou dans l'intérieur du massif. Cette enveloppe, au sein de la terre, ne peut se trouver que dans les couches de terrains superposées. Il faut donc que ces couches ne soient pas poreuses et qu'elles soient maintenues par des couches supérieures

de transformation. Cet agent a fait défaut au contraire pour les combustibles formés à une époque géologique

assez pesantes pour faire équilibre à des pressions de 5o ou 40 atmosphères, peut-être même à .des pressions plus élevées encore, car on ne peut espérer avoir constaté le maximum que peut atteindre la pression de grisou dans la houille.

On peut tirer de là, au point de vue de la géogénie de la houille et du terrain houiller, quelques aperçus intéressants. En premier lieu, il semble nécessaire que la formation du grisou ait été postérieure, et même de beaucoup postérieure à l'enfouissement du combustible, car le grisou ne se serait pas accumulé dans la masse de ce combustible,

si, au moment de sa formation, les couches sus jacentes accumulées n'avaient été capables de résister à la pression exercée par le gaz. Si, comme on peut le penser, la houille est due dans la plupart des cas à l'enfouissement de combustibles végétaux, la transformation de ces combustibles en houille ne s'est produite ou tout au moins ne s'est com-

plétée que lorsque de nouvelles couches s'étaient accumulées. en quantité considérable au-dessus de la couche de combustible.

Supposons que l'enfouissement a eu lieu à une époque géologique fort ancienne, telle que l'époque houillère, et pendant laquelle on peut supposer que le globe était plus chaud qu'il ne l'est maintenant, de telle sorte que la température superficielle due à la chaleur interne n'était pas négligeable. A cette époque, lorsque le combustible se trouvait recouvert par 2 ou 3oo mètres de terrain, il pou-

plus récente, et c'est là peut-être ce qui explique les différences très importantes qui séparent les lignites des houilles proprement dites. C'est là aussi ce qui pourrait expliquer pourquoi les mines de lignite ne sont pas en général grisouteuses.

Lorsqu'une couche de houille se trouve exposée à l'air libre par son affleurement découvert, le grisou se répand dans l'atmosphère et le dégagement, d'abord rapide, va en diminuant de plus en plus jusqu'à être presque insensible. Si la couche était homogène, le grisou finirait par disparaître en totalité au bout d'un temps qui pourrait d'ailleurs être extrêmement long. Mais la couche peut être divisée en compartiments distincts et étanches par des failles, par des crains remplis d'une matière non poreuse; etc.; dans ce cas, l'un de ces compartiments peut se vider sans que les autres perdent leur gaz. On peut donc avoir dans une même couche des régions grisouteuses et d'autres dépourvues de grisou. Même en l'absence de ces espèces de cloisons étanches, la répartition du grisou dans une même couche de houille peut varier d'une région à une autre par suite dela variation du coefficient de perméabilité a. Tout fait penser en effet que ce coefficient n'est pas une constante spécifique plus invariable qu'aucune autre propriété de la houille. La pression restera comparativement plus élevée dans les régions où le coefficient a sera le plus faible.

Lorsque la houille sera en contact avec une cavité produite par quelque faille, le grisou s'y accumulera jusqu'à ce qu'il y ait pris une pression égale à celle qu'il possède dans la houille.