Annales des Mines (1882, série 8, volume 1) [Image 108]

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MÉM.0111i.; SUR LA FORMATION

qu'on s'accorde sur le phénomène du tourbage, ce qui, à mon avis, vient principalement de ce qu'on ne distingue pas assez la tourbe de marais de la tourbe proprement dite, qui est un produit de notre époque. li

I. - TOURBE PROPREMENT DITE.

La tourbe supra-aquatique de montagne, recouvrant les hauts plateaux, ou même les pentes arrosées des massifs montagneux, ou encore les rochers auxquels elle est en quelque façon suspendue sur les versants rapides du Hartz

h

DE LA HOUILLE.

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cireuse, presque privée de traces végétales apparentes, se rencontre au fond des marais.

La tourbe de la Verpillière (Isère), reposant sur du gravier ou de l'argile noire, est formée d'herbes en lits, dont les parties sont entrelacées ; des chaumes y sont dressés et l'on remarque beaucoup d'épidermes et de cuticules dans une masse brune amorphe qui a dû être presque liquide. La tourbe de marais se forme dans les lagunes et s'y accumule jusqu'au dessèchement de celles-ci; elle commence par une végétation aquatique recouvrant la marne argileuse où

prennent pied, du moins prés des bords, les herbes et

(Lesquereux), est principalement formée de Sphagnum ,Ou mousses amies des eaux, jouant un rôle essentiel à raison de leur croissance rapide, continue, et de leur hygroscopi-

plantes. La tourbe est pure si les lagunes ne sont pas inondées, ou mélangées de limon ; dans le cas contraire, si le limon domine, la tourbe y forme des lames et traînées irré-

cite ; sans elles, en effet, dans les mêmes conditions, les autres plantes ne produisent que du terreau. Cette tourbe est rarement transformée en un charbon brun compact ; elle est vaguement stratifiée ; de l'avis de M. Kauffmann, qui connaît bien les tourbes de la Suisse, les assises n'en sont pas nettement distinctes.

gulières. La moindre invasion arrête l'entassement et la croissance des végétaux. Les tourbières du lac de Neuchâtel sont coupées de lits de gravier. Ces tourbes existent sur de grandes étendues le long de

la Baltique et en Hollande, où les bancs sont séparés par des couches de marnes ; elles se sont formées en abondance le long de la Somme, en France, et du Minnesota en Amé-

rique. Je dois une partie de'ces données à ma corresponII. - TOURBE DE MARAIS.

Dans les marais tourbeux des bas-tonds, ou du bord des

rivières, des lacs ou de la mer, la plupart du temps très étendus, les Arundo à végétation très rapide, à tiges ramf:-

pantes et radicelles très nombreuses, les Seirpus -palustris, les Carex, les joncs avec les Hypnacées, les Nymphcea, etc., toutes plantes semi-aquatiques, forment des couches étendues.de débris sans liaison, pouvant alterner avec du sable

et du limon, stratifiés dans l'ensemble, par suite souvent de quelque mouvement d'eau; cette tourbe est en effet souvent recouverte d'eau, et peut se former à une certaine

profondeur. La tourbe limoneuse compacte à cassure

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dance avec M. Lesquereux. Tourbe fossile.

La tourbe de marais se rencontre à

l'état fossile en Suisse, où elle est connue sous le nom de Sehie ferkohle dlluviale; elle est composée de lits de tourbe alternant avec des bancs de sable et d'argile. Dans la partie supérieure de la couche d'Utznach, de formation intergla-

ciaire, on reconnaît des mises de mousses entrelacées et traversées de roseaux, le tout formant un feutre épais comprimé et presque compact. On y trouve des troncs couchés très comprimés et des souches debout ; mais celles-ci seulement aux limites de la couche de 5 à jO pieds, qui a dû avoir cinq à six fois cette épaisseur lors de sa formation