Annales des Mines (1881, série 7, volume 19) [Image 162]

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DE SUBSTANCES ISOMORPHES, ETC.

294 PROPRIÉTÉS OPTIQUES DES MÉLANGES CRISTALLINS

toutes les ellipses vibratoires issues de chacun d'eux. La vibration du grand axe de l'ellipse vibratoire résultante dont les éléments ont été déterminés dans le chapitre pré-

cédent, sera la somme algébrique, divisée par p,

des

rotations produites par chaque paquet. La valeur de r pour chaque cylindre se décompose en deux parties S et 7, On

aura donc pour la valeur totale.

r=

1S

Eu

P

P

Comme Ec; dépend, en général, de l'azimuth de la vibra-

tion, il en sera de même de r. Mais il est inutile de continuer cette discussion, car il est

aisé de voir que r est toujours extrêmement petit et, par conséquent, rE toujours négligeable. En effet r est, comme on l'a vu, de l'ordre de grandeur de e. Or s est ici de l'ordre de grandeur des dimensions du milieu atomique, c'est-à-dire plus petit que toute autre dimension matérielle connue. L'épaisseur des cristaux dont on dispose

étant d'ailleurs toujours très limitée, on s'explique qu'on n'ait jamais réussi à constater aucun phénomène rotatoire avec les cristaux à molécules dissymétriques lorsque ces cristaux sont formés par l'empilement régulier de ces me. lécules.

Polarisation rotatoire moléculaire des liquides et des dissolutions. 11 en est autrement lorsque les molécules dissymétriques, ayant une droite et

une gauche, forment un liquide où elles se présentent orientées dans tous les sens, ou bien sont dissoutes dans un

liquide où elles prennent également toutes les orientations possibles. Dans ce cas, en effet, on peut augmenter, en quelque sorte à volonté, l'épaisseur de la colonne liquide et, par conséquent, le nombre des molécules traversées par la vibration.

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Si la vibration qui tombe sur le liquide est rectiligne, elle reste rectiligne à l'émergence, car il est clair que les orientations de u, dépendant de l'azimuth de la vibration, s'annulent par la traversée de molécules tournées dans tous les sens. Quant à la rotation de la vibration, si les molécules ont une droite et une gauche, chacune d'elles, traversée suivant une certaine direction, imprime à la vibration une rotation d'un certain sens, dont une partie SidE, indépendante de l'azimuth de la vibration, ne varie pas avec le changement d'orientation de la molécule autour de la direction considérée, tandis qu'une autre o-dE dépend de cette orientation. Les molécules partie traversées suivant la direction considérée présentent toutes les orientations possibles autour de cette direction, la moyenne des CI est nulle, comme il a été dit plus haut, et les choses se passent comme si chacune de ces molécules S,dE. Pour le groupe de imprimait une rotation égale à molécules traversées suivant une autre direction, la rotation S2dE, etc. Enfin si l'on opérée par chacune d'elles est appelle Sm une certaine valeur moyenne entre toutes les valeurs S1, %, etc., les choses se passeront comme si chaque molécule du liquide imprimait une rotation égale à SmcIE, et la rotation totale à l'émergence sera

NME,

N étant le nombre des molécules traversées par

le fais-.

ceau lumineux supposé linéaire. La rotation est donc proportionnelle au nombre des mo-

lécules traversées ; elle est d'ailleurs, comme toujours, en

raison inverse du carré de la longueur d'onde, réserves faites des anomalies dues à la dispersion ; enfin elle ne se produit, comme on l'a vu, que lorsqu'on peut distinguer dans la molécule une droite et une gauche. On retrouve donc ainsi toutes les lois de la polarisation rotatoire moléculaire.