Annales des Mines (1880, série 7, volume 18) [Image 24]

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DE L'ISTHME DE PANAMA.

CONSTITUTION GEOLOGIQUE

Les tufs de Barbacoas, auxquels, Garella donne, sous le

nom de grès, une origine sédimentaire, et qu'il attribue dubitativement à la même époque que les rochers de Panama, sont également, on l'a vu, de véritables tufs trachytiques, fort différents d'aspect des précédents et contemporains des trachytes. Quant aux calcaires de Yamos-Vamos et d'Ahorca-Lagarto, dont l'origine est assez difficile à expliquer, Garella les rattache à la période secondaire. Cette hypothèse peut

très bien se soutenir ; mais les débris de fossiles qu'ils

contiennent, et notamment les orbitolites qui se rencontrent dans le calcaire tout à fait similaire de la Campana, semblent plutôt leur assigner pour âge les débuts de l'époque tertiaire. On peut donc, je crois, jusqu'à ce que de nouvelles observations viennent compléter, peut-être modifier, les résultats tirés de nies observations et qui concordent en partie

avec ceux de Garella, admettre qu'à l'emplacement de l'isthme de Panama se trouvait autrefois un détroit plus ou moins large qui unissait les eaux de l'Atlantique à celle du Pacifique ; que ce détroit a été comblé, au moins en partie, par des coulées sous-marines trachytiques d'abord, doléritiques ensuite ; qu'entre les deux époques ou périodes de

ces coulées, il s'est passé un assez grand laps de temps pendant lequel a eu lieu la formation d'une grande partie des tufs trachytiques remaniés du pays et probablement aussi du calcaire d'Ahorca-Lagarto ; enfin que le tout a été soulevé probablement au commencement de l'époque ter-

tiaire et à peu près en même temps que le système postnummulitique des Pyrénées, recevant à ce moment-là à peu près le relief que l'on voit aujourd'hui.

Les tufs tendres, argiles, etc., en couches horizontales qui s'étendent entre Gatun et le littoral de l'Atlantique appartiennent sûrement aux époques tertiaires plus récentes ou à la période contemporaine.

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HI. Il faut maintenant revenir sur nos pas pour examiner non plus spécialement la constitution géologique du tracé du chemin de fer ou de ses environs à un point de vue surtout scientifique, mais bien pour étudier, au point de vue pratique, la ligne même du canal, qui suit de plus près le thalweg des vallées, afin de se maintenir autant que possible dans les alluvions peu consistantes sans entamer les roches dures des collines ou montagnes qui les entourent. Nous allons pour cela repartir des environs de Colon et suivre ce nouveau tracé M. Le canal doit, ainsi qu'on l'a vu plus haut, déboucher dans la baie de Limon, où il atteindra, à environ 12 à 1.5oo mètres du rivage, les fonds de 8-,5o ; il faudra

pour y arriver draguer les vases et débris de coraux qui en forment le fond, ainsi qu'une certaine quantité de rochers madréporiques, dont plusieurs atteignent des dimensions assez grandes, et dont j'ai pu constater la présence en examinant soigneusement le fond de la mer à travers les eaux limpides de la baie. Deux sondages ont été pratiqués au bord du rivage, sur l'emplacement du débouché du canal dans l'Océan : leur

orifice était situé à om,fio environ au-dessus du niveau moyen de l'Atlantique. Le premier a rencontré, jusqu'à la profondeur de 8-, o, le terrain formé de débris de coquilles sans cohésion et à l'état pulvérulent que j'avais déjà constaté à la surface ;

puis il a recoupé sur une épaisseur de 2 mètres (profondeur totale 10m, t o) , une couche de vase noirâtre qui s'enlèvera avec la plus grande facilité à la drague; on n'y (*) voir à la Pl. H la coupe géologique de l'isthme suivant le

tracé du canal,