Annales des Mines (1880, série 7, volume 17) [Image 183]

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ÉTUDE DES SOURCES.

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TRAVAUX EXÉCUTÉS A BOURBONNE-LES-BAINS.

Théorie des sources. - Les sources de Bourbonne, telles qu'elles étaient connues il y a cent ans, émergeaient sur la

rive droite du ruisseau de Borne, au fond de son vallon, au milieu des terres rapportées et des débris d'anciennes constructions. Les moindres excavations dans le sol donnaient lieu à des venues d'eaux plus ou moins chaudes, plus

ou moins salées, que les habitants considéraient comme autant de sources thermales indépendantes. Nous avons un plan grossier de i7oo, qui indique une quinzaine de ces sources, et on aurait pu en créer bien davantage, puisque le sol perméable de la place des bains était tout entier parcouru par des infiltrations de ce genre. Les travaux de 1783 et 1784 ont montré que l'origine des sources connues jusque-là n'était pas aussi naturelle qu'on le supposait : on a reconnu à cette époque que la source dite le Puisard-Romain, était enveloppée par un puits

en maçonnerie jusqu'à 6 mètres au moins au-dessous du. sol où elle émergeait, et que les sources militaires appelées Étuve et Bains-Patrice, provenaient de tuyaux verticaux en plomb profondément enfoncés dans la terre. L'exécution du sondage n° 12 a prouvé que la Fontaine chaude n'était pas une source naturelle, mais un afflux d'eaux chaudes arrivant en ce point par des travaux romains. Enfin tous

les autres suintements ont disparu sitôt qu'on a facilité l'émergence de certaines sources, et puisé les eaux à la pompe dans le puisard romain. L'étude du sondage n° 13 nous a appris au contraire que

le puisard romain, malgré les travaux qui l'entouraient, était bien une source naturelle, la seule ou au moins la plus importante de la région. Il a montré que les eaux thermales qui l'alimentaient traversaient les argiles bariolées, imperméables, grâce à une cheminée sableuse presque verticale. Le percement de dix sondages, opérés dans la zone des sources, a fait connaître que les trous de sonde recevaient

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d'abord, à leur partie supérieure, des eaux chaudes provenant des terrains d'alluvion, remplis d'anciennes démolitions; puis, quand on s'est mis à l'abri de ces infiltrations par de bons scellements, les trous de sonde reçoivent encore

une faible partie de leur débit à la traversée de certains niveaux sableux interposés au milieu des argiles bariolées.

Ils en empruntent beaucoup plus aux couches sableuses qui réunissent ces argiles aux grès bigarrés, et le sondage n° 12 a même accusé un notable accroissement dans cette dernière roche.

Une zone sableuse, située probablement à la base des alluvions, immédiatement au-dessous du béton romain, met en communication entre elles toutes les sources romaines, qui conservent en même temps une indépendance partielle. Pour nous en tenir aux preuves les plus directes de ce fait, nous rappellerons seulement les observations auxquelles ont donné lieu les travaux de 1875. Lors des fouilles du puisard civil (*), toutes les eaux circulant dans les galeries romaines aux environs du puisard romain, sont venues déboucher dans notre excavation par une ancienne communication romaine, dont le radier était à la cote 250,5o. Elles apportaient une masse d'eau considérable, s'élevant à 5o mètres cubes par heure environ, et composée d'un mélange d'eau froide et d'eau thermale. La source romaine n° 2, du puisard militaire, qui prend son

origine au-dessous du béton romain par un tuyau en plomb, n'a pas coulé à la cote 252,20, tant que nos épuisements ont été en activité au puisard civil. Aussitôt les épuisements terminés et le puisard construit et fermé, cette source a recommencé à donner un filet d'eau à la cote

252,20, bien qu'au même moment les eaux des sources romaines continuassent à s'épancher dans le caniveau de nos galeries, à la cote 251,78. Une différence de charge (*) Voir le plan général des travaux définitifs, Pl. V.