Annales des Mines (1879, série 7, volume 16) [Image 110]

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PROGRÈS RÉCENTS DE L'EXPLOITATION DES MINES

ET DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES A VAPEUR.

semblable à celui des machines à vapeur. Seulement le rendement propre de ces dispositifs se superpose à celui du compresseur qui

a fourni préalablement l'air en tension. Aussi le résultat

est-il

assez faible, comme il est d'ailleurs inévitable pour un moteur de seconde main. Il est difficile de recueillir plus de la moitié du travail dépensé par le moteur à vapeur pour la compression de l'air. Une des circonstances essentielles qui caractérise ces appareils est le refroidissement produit par la détente qui, en agissant sur de l'air humide, peut congeler la vapeur dans la distribution et en entraver le jeu. On est, pour ce motif, obligé de les garnir d'en, 'veloppes à eau chaude et parfois de chaux éteinte (1). M. Siemens a proposé, quand le récepteur est voisin du compresseur, de ré-

chauffer la distribution avec l'eau échauffée par la compression de l'air. C'est le même point de vue que celui auquel s'est placé M. Pallard pour les moteurs à ammoniaque (p. i9o). M. Cornet a proposé l'injection d'eau chaude pulvérisée sous la pression même

de l'air. Dans le système Mékarski, on emploie de l'air, non pas sec et froid, mais saturé de vapeur chaude pour une proportion d'un cinquième à un sixième. Ce mélange s'obtient en faisant traverser par l'air une bouillotte dont l'eau est chauffée à 150 degrés sous pression (2). Du reste, cette fraîcheur même de l'échappement, quand on a pu éviter la formation de la glace dans les tiroirs, a son utilité dans les mines et remplace par un avantage le grand inconvénient de la vapeur qu'on ne saurait évacuer que dans les environs immédiats d'un puits, pour y installer une sortie spéciale de ce fluide incommode. Aussi ces machines jouent-elles déjà dans l'exploitation un rôle des plus utiles qui ne peut qu'aller en grandissant. On les a employées pour l'extraction intérieure à Chalonnes, Govan, ScotLane, Bridge-Pite, Ronchamp, Bruay, Sars-Longchamps ; au fonçage sous stot de Saint-Louis (Saint-Étienne); pour des tractions mécaniques à Ryhope-Colliery, Powel-Duffryn ; et dans de nombreux dans l'intérieur. des mines, Liége, 1863. Trasenster, Revue universelle des mines et des usines, t. XXXIII, a- 4,3. Ribourt, Société des ingénieurs civils, 18 juin 1875. The theory of closed air engines, by Slaby (Proceedings of the Institution of civil Enyineers, tome LVI. Verhandlungen des Vereines mur Beforderung des Gewerbfleisser, [879,

page 376. (i) Comme au charbonnage de Grisceil en 1866. (2) Machines à air comprimé pour l'exploitation mécanique des tramways, système MékarsIci. Paris, 1878, chez Éthiou-Pérou.

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appareils d'épuisement intérieur, au Montceau, dans le pays de Galles, et dans le bassin de Sarrebruck (i). Je n'ai pas d'ailleurs à revenir en ce moment sur l'emploi de l'air comprimé pour les perforatrices ou les locomotives et le foncement des puits par le système Triger.

En général, on ne dépasse pas pour ces moteurs des pressions de 3 atmosphères ou tout au plus de li ou 5. On a fait des essais de de la 8 atmosphères qui ont été aussitôt entravés par la formation reste on marche à pleine pression ou glace. Presque toujours du détentes. avec de faibles

Moteurs éoliens. - En ce qui consiste les moteurs actionnés par le vent, on doit une mention spéciale à la turbine éolienne de M. Bollée du Mans. Cet élégant appareil attirait les regards à

l'Exposition universelle par le jeu de lumière qu'il produit en se détachant sur le ciel pendant sa rotation. L'ensemble se compose d'une roue formée de contre-aubes fixesplacée dans un plan vertical perpendiculaire au vent, et d'une turbine juxtaposée. L'air débité par la première détermine la rotation de la seconde, absolument comme l'eau pour la turbine Fontaine. Pour orienter le système, on l'a monté sur un chariot à crémaillère circulaire qui lui permet de pivoter autour d'un axe vertical. Ce n'est pas, du reste, comme dans la plupart des autres récepteurs éoliens, une simple girouette qui détermine ce mouvement, mais une petite

turbine excentrée qui tourne sur son axe tant que son propre plan n'est pas parallèle au vent, et qu'on a soin de placer perpendiculairement à la turbine motrice. La petite turbine actionne le chariot et détermine ainsi l'orientation. Je dois dire toutefois que, pour se garantir contre les rafales trop brisantes, on cherche

à présenter le récepteur au vent, non pas dans un sens absolument perpendiculaire, mais sous une certaine obliquité que l'on fait en outre croître avec la vitesse, de manière à réduire celle-ci à une de ses composantes par rapport à la roue. Un petit pèse-vent, qu'il serait trop long de décrire ici, permet d'une manière très-ingénieuse d'obtenir ce résultat. Je citerai encore parmi les nouveaux moteurs éoliens le pantunémone Sanderson (2), sorte de grande hélice exposée au vent et (I) Pernolet Air comprimé, page 5'6. Briard et Weiler Tractions mécaniques, page 177.

(2) Haton de la Goupillière, Bulletin de la Société d'encouragenzent,

ae série, tome XVII, page 492.

Journal d'agriculture pratique, 3, mars 1870, page 457.