Annales des Mines (1879, série 7, volume 16) [Image 92]

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PROGRÈS RÉCENTS DE L'EXPLOITATION DES MINES

suffisants dans toute autre circonstance, car ils laissent ralentir la vitesse et ne font qu'assurer tout juste le passage des points morts. Cette idée est juste au fond, mais il y aurait sans doute exagération à y voir une critique sérieuse de ce genre d'application.

Il n'en est pas de même pour les moteurs d'extraction qui donnent lieu à une objection plus importante. En effet, avec une machine à un seul cylindre, le mécanicien,avec son régulateur et S011 levier de changement de marche, est complètement maître de la quantité de vapeur qu'il juge à propos d'admettre en vue des manceuvres délicates qu'il doit effectuer ; mais avec les machines de Woolf, la cylindrée qui se détend entre les deux pistons échappe à l'action du machiniste. Elle complique les prévisions qu'il a à

faire, et cette sorte de jugé instinctif auquel il lui faut parvenir

par l'habitude. Il peut donc y avoir sous ce rapport des mécomptes et même des accidents. Ceci est tellement vrai, que pour une fonction toute semblable, celle des machines de la navigation fluviale des grandes villes, à escales très-répétées, on a été amené à renoncer à l'emploi de compound qui avaient été installées sur certains bateaux. En revanche, on trouverait dans l'application de ce système aux appareils d'extraction cet avantage, que, si une machine a été calculée en vue de la profondeur actuelle d'un puits destiné à un réavalement futur, et s'il arrive qu'elle devienne insuffisante en raison de sa longue détente, une fois cet approfondissement effectué,

on aura la ressource de la transformer en un système de deux machines jumelles à un seul cylindre, marchant chacune avec une détente convenable. H existe même dans la marine de semblables machines, qu'on appelle compound mixtes (1), pour lesquelles une sorte de commutateur permet de passer à volonté d'un des deux

modes à l'autre, suivant que l'on se trouve dans les conditions ordinaires ou en présence d'un coup de collier à donner.

Machines oscillantes. - Cette élégante solution, imaginée par Murdock en 1785, rendue pratique par Cavé vers 1825, a eu beaucoup de vogue, même comme machine d'extraction, quoique cette application particulière soit à déconseiller. On l'emploie encore

aujourd'hui dans un certain nombre d'usines. Elle constitue en effet un moteur robuste, assez simple, de peu d'entretien, utile surtout quand on a de la vapeur en excès, comme dans les forges, (1) The Engineer, 1876, tome li, pages 255 et 272.

ET DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES A VAPEUR.

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où l'on peut utiliser pour la vaporisation des flammes qui seraient

perdues sans cela. Mais elles ne sont pas économiques pour le combustible proprement dit. MM. Fournier et Levet en ont tout récemment proposé un nouveau type (1), qui a l'avantage de tenir très-peu de place, mais présente des espaces nuisibles assez notables, et quelques difficultés pour la mise en train et le passage des points morts.

Machines rotatives. - Ce type, dont la première idée remonte jusqu'à Watt (1783), a toujours beaucoup sollicité l'imagination des inventeurs. Je citerai parmi eux : Behrens, Bishop et Hennie, Borie, Braconnier, Davies Jonah et George de Tipton, Deck, Dudgeon, Dundonald, Eve, Galloway, P. Martin, Minary, Molard, Murdock ,

Myers ,

Napier, Olivier, Pecqueur, Petau, Sudlow,

Thornpson, Tale, etc. (2). Ces moteurs présentent en effet, en principe des avantages séduisants : suppression de toute la partie encombrante, tige, bielle, manivelle, et des frottements correspondants; plus de rentrée périodique de la tige, après qu'elle est allée se refroidir au dehors ; mouvement continu plus favorable au point de vue des vibrations, de la résistance des pièces et de

la grande vitesse de rotation ; suppression des points morts et régularisation du moment moteur qui permet d'alléger le volant. Mais en revanche la question des fuites, plus difficiles à éviter que dans les types ordinaires, et l'influence condensante des parois placées dans de mauvaises conditions, ont toujours paralysé dans la pratique les qualités que je viens d'énumérer. En fait, la tendance actuelle se détourne plutôt de ces appareils, dont la plupart consomment 5 à. 6 kilog. de houille par cheval et par heure. Machines à piston-tiroir. - Dans certains types de moteurs on a introduit plusieurs cylindres accouplés, qui ont chacun un piston, mais pas de tiroir spécial. Le mouvement du piston dans l'un effectue la distribution dans l'autre. On peut citer dans cette catégorie la machine-lombeau de Hicks à quatre cylindres, le moteur Hlough à trois cylindres, celui de Willans également à trois cylindres à simple effet. Dans ce dernier les cylindres sont parallèles au lieu d'être convergents comme dans la machine Brotherhood Holtzer, Compte rendu mensuel, décembre 1878, page 265. Levet, Ibidem, mars 1879, page 52. On trouve dans la Cinématique de Iteuleaux (Paris 1877, chez Savy) l'étude géométrique de plusieurs types de machines rotatives et à disque. TOME XVI, 1879. 11