Annales des Mines (1879, série 7, volume 16) [Image 81]

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PROGRÈS RÉCENTS DE L'EXPLOITATION DES MINES

ET DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES A VAPEUR.

L'équilibre s'obtient plus aisément encore avec les tiroirs circulaires, autrement dit les robinets (voir p. t/i5). On peut citer à cet égard le tiroir Schivre (1), assez usité en Belgique. Les distributions par soupapes s'équilibrent aussi avec facilité. Au siége Culard, de Seraing, le mécanicien renverse facilement la distribution par soupapes avec le seul levier de changement de marche, sans toucher au régulateur.

Cylindre auxiliaire; serve-moteur. Dans un principe

opposé,

on accepte les résistances à vaincre, et l'on cherche seulement à venir en aide pour cela à la force musculaire du mécanicien.

Sous ce rapport, on sait avec quel succès le changement

de

marche à vis a été introduit dans les locomotives. On l'a plusieurs fois essayé sur les moteurs d'extraction, où il a été jugé d'abord défavorablement. Cependant, depuis quelque temps, certaines ap-

plications ont paru plus heureuses, et la question doit tout au moins être réservée. On a objecté la possibilité d'une sorte d'engourdissement du bras, en raison de ces rotations perpétuelles dans les deux sens, beaucoup plus répétées pour les manoeuvres si rapides du trait dans les mines que pour la conduite des locomotives.

Un moyen plus décisif, pour le cas des plus grandes résistances, consiste dans l'adjonction d'un cylindre auxiliaire qui apporte au machiniste le secours irrésistible de la force même de lavapeur (2). Ce principe a pris naissance dans la marine militaire, à cause des dimensions exceptionnelles de ses moteurs. Il s'est répandu depuis dans les machines de mines à Nceux, à Montrambert, au Grandllornu, à Mariemont, etc. Un obstacle se présentait toutefois pour la réalisation de cette idée si simple. La vapeur, une fois admise, poussera évidemment à fond le piston, et par suite ne semble apte qu'à produire le ren-

versement de la rotation, et non la marche aux divers crans de détente. On y a obvié en déterminant avec exactitude la puis-

sance auxiliaire de telle sorte qu'à elle seule elle soit insuffisante pour vaincre la résistance, tout comme le serait par lui-même l'effort du bras de l'homme, tandis que les deux influences réunies (s) Notice sur la machine d'extraction à distribution de vapeur équilibrée, par Schivre (Mémoires de la Société des ingénieurs civils, 1876).

Etude sur les tiroirs équilibrés, système Schivre, par Sohier. 1877, Mons,

chez Manceaux.

La houille, 13 juillet 0376. (z) Revue universelle des mines et des usines, 1876, page 188.

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arrivent à surmonter l'obstacle. Le mécanicien, pouvant suspendre à l'instant qu'il veut son propre effort, rend par cela seul l'autre impuissant. Mais comme cette combinaison exige une précision assez étroite, tandis que la résistance de la distribution peut varier sensiblement avec diverses circonstances, notamment le graissage,

M. de Quillacq compose le secours apporté au machiniste de la différence de deux forces, à savoir la puissance surabondante de la vapeur dans le cylindre auxiliaire et la résistance de l'eau dans un circuit fermé, où elle est actionnée par un autre piston monté sur la même tige dans un second cylindre, résistance qu'il est trèsfacile de modifier à volonté à l'aide d'un robinet d'étranglement. La vis neutre très-employée déjà dans la marine (s) joue un rôle analogue. La tige dit piston auxiliaire est creuse et sert d'écrou à une vis dont l'inclinaison est tellement déterminée qu'elle ne lui permet pas de se laisser entraîner par la traction longitudinale de la vapeur, mais que le moindre moment de rotation imprimé par la main du machiniste déterminera la naissance du mouvement relatif dans lequel le piston agira sur la distribution, nonseulement d'après l'effort insignifiant exercé par le mécanicien, mais avec toute la puissance de la vapeur. Dès quela main del'homme

cessera de tourner la manivelle, la traction redevenue impuissante laissera immobile le système dans la position qu'il aura atteinte. M. Joseph Farcot a fait faire à cette question un pas décisif par

la création de son servo-moteur (2). Il désigne sous ce nom un appareil dans lequel, par cela seul que le mécanicien abandonne le mouvement qu'il a réussi à produire en engageant l'action de la vapeur dans le cylindre auxiliaire, le fluide, bien loin de persister dans son influence motrice, ou même de rentrer dans l'état passif comme dans le système précédent, se constitue aussitôt en antagonisme pour éteindre la force vive du mécanisme, afin de l'arrêter court dans la position où il a été amené et abandonné par la volonté du mécanicien. Ce principe a été réalisé, du reste, au moyen de divers dispositifs. Il commence 'a se répandre sur les puits de mines. On le trouve, par exemple, au puits Neyron, des houillères de Saint-Étienne (5), à la fosse Renard n° 2, de la compagnie d'Anzin, à la fosse n. 5, de Trazegnyes (Mariernont) (4), etc. (t) Stevart Changement de marche aidé par la vapeur (Revue industrielle des mines et des wines, tome XL, page 68, et 1876, page toi). (z) Le ses-vo-moteur ou moteur asservi, Joseph Furent. 1873, chez Baudry. Comptes rendus de l'Académie des sciences, tome LXXX, page Compte rendu mensuel, décembre 1876, page 7, et février 1877, page 20. Ledieu : Traité des nouvelles machines marines, planche Y, fig. s4 et il.