Annales des Mines (1879, série 7, volume 16) [Image 74]

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PROGRÈS RÉCENTS DE L'EXPLOITATION DES MINES

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qui est le corollaire naturel de leurs influences respectives sur la condensation par les parois qui viennent d'être caractérisées tout à l'heure. Tel est en effet le véritable rôle de l'enveloppe de vapeur, et non pas comme on l'a pensé quelquefois, d'empêcher dans le sein de toute la masse la condensation que l'on croyait, d'après le théorème de Clausius, destinée à se produire par la détente. La chaleur ne saurait ainsi pénétrer presque instantanément dans tout ce volume. Du reste, ce mode de fonctionnement de la vapeur saturée employée aurait précisément pour effet d'abaisser le rendement (1). Au contraire, l'objet de la chemise de vapeur est d'évaporer l'eau de précipitation, autant que possible Vendant la détente, tandis qu'elle peut encore agir sur le piston, et non pendant l'échappement, quand elle n'a plus qu'à se rendre au condenseur, en enlevant cependant dans les deux cas la chaleur des parois. Or il peut suffire de l'addition d'une faible quantité de calorique pour déterminer cette évaporation en temps utile, ce qui explique les effets considérables d'une faible dépense de vapeur consacrée à l'enveloppe (2). On doit toujours alimenter les chemises de vapeur avec la chaudière directement, et non avec le fluide détendu, suivant une ancienne erreur. De même il est vicieux d'alimenter les cylindres avec la vapeur qui a traversé l'enveloppe et qui est moins sèche (3). Les moyens de purge automatique doivent être employés pour les chemises de vapeur. Le mieux est du reste de disposer un retour d'eau à la chaudière si les conditions le permettent. M. Farcot est arrivé à chauffer l'intérieur du piston et de sa tige, qui participent aux mêmes influences que les parois fixes. M. de Laboulaye s'est préoccupé de l'idée que, dans l'enveloppe cylindrique, il s'établit un courant par le plus court chemin du point d'entrée au point de sortie, sans renouveler suffisamment toute la masse. Il a proposé pour remédier à cet inconvénient, de segmenter l'enveloppe par une cloison hélicoïdale, en la transformant en une sorte de serpentin. Cette disposition, rationnelle d'ailleurs, présenterait cependant d'assez grandes difficultés pratiques pour le moulage. On rencontre un dispositif analogue dans la machine Loftus-Perkins, dont je parlerai plus loin (p. 1.30). La vapeur circule dans un serpentin en fer sur lequel est coulé le corps du cylindre muni d'une enveloppe extérieure de noir animal. (i) Moutier : Thermodynanzique, page 139. Hire Exposition analytique et expérimentale de la théorie mécanique

de la chaleur, tonie II, page 45. Compte rendu mensuel, avril 1878, page Si.

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DE LA CONSTRUCTION DES .MACHINES A VAPEUR.

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On a essayé, sans beaucoup de succès, d'alimenter les doubles enveloppes avec les gaz du foyer dans les machines de navigation, ou encore de placer les cylindres des locomotives dans la boîte à fumée, ce qui revient au même (I). La faible chaleur spécifique de ces gaz est loin de présenter un moyen puissant et rapide d'échauffement, comme la chaleur latente de la vapeur saturée.

Il convient de dire en terminant que quelques praticiens éminents résistent encore au courant presque unanime d'opinion qui se prononce de plus en plus en faveur des doubles enveloppes dans les machines à vapeur saturée (2).

tin autre moyen de combattre l'importance des Surchauffe. condensations intérieures consiste, comme nous l'avons vu, dans la surchauffe de la vapeur (5). En cet état, le fluide devient moins

bon conducteur de la chaleur, moins immédiatement prêt à la liquéfaction au contact d'une paroi froide. Il a maintenant besoin de se dépouiller préalablement d'un certain degré de chaleur sensible. L'emploi de la surchauffe rend d'après cela, comme nous l'avons dit, à peu près inutile celui de la double enveloppe. Ce n'est pas son seul avantage. On y trouve aussi celui de recueillir des calories qui sans cela seraient absolument perdues, car c'est ordinairement sur le calorique emporté par les gaz que l'on prélève ce qui est nécessaire pour ce surchauffement. (il Couche, Voie, matériel roulant et exploitation technique des chemins de fer, tome HI, page 785. Dwelshauvers Dery, Revue universelle des mines et des usines, tome XXXII, page 59,

Hirn : Exposition analytique et expérimentale de la théorie mécanique de la chaleur, page r8. Rankine : Manuel de la machine à vapeur. Traduction et notes de Gustave Richard; page 454.

Rapport de M. Leloutre sur les expériences de M. lira avec la vapeur surchauffée (Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, '866).

Couche, Voie, matériel roulant et exploitation technique des chemins de fer, tome III, page 789, Croullebois Détente de la vapeur surchauffée (Comptes rendus de l'Académie des sciences, tome LXXXI, page 592).

Dictionnaire des arts et manufactures, e édition. Mallet : Etudes sur les machines marines. Pochet Nouvelle mécanique industrielle, page (31. Traités de la théorie mécanique de la chaleur, de Clausius, Zeuner, Combes, Briot, Verdet, Moutier, etc. Cazin : Détente de la vapeur surchauffée (Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1866). Hirn et Cazin (Annales de chimie et de physique, 1867).