Annales des Mines (1879, série 7, volume 16) [Image 67]

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PROGRÈS RÉCENTS DE L'EXPLOITATION DES MINES

ET DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES A VAPEUR. 1 I 1

et beaucoup d'autres moins complets, à Bancié (xlve siècle), Geyer (Saxe), Schlackenwald (Bohème), Huancavelica (Amérique), Lescara (Sicile), etc.

L'inondation subite constitue l'un des plus graves Coups d'eau. dangers de l'exploitation souterraine. Pour retracer ici de bien an-

Un accident analogue vient de se produire récemment en France. C'est l'effondrement de la mine de sel de Varangéville (Meurthe-et-Moselle) (i). On y avait introduit les méthodes du

dans lequel 19 personnes furent noyées, et 711 autres, parmi les-

Salzkammergut pour le havage par l'eau. Bien que le liquide filt recueilli avec soin, des infiltrations avaient fini par délayer les marnes du mur. Le 3i octobre 1875, les piliers massifs s'y enfoncèrent tous à la fois, et l'on vit, dans l'espace d'une demi-minute,

s'affaisser sur une hauteur de 5 mètres une étendue d'environ 35o mètres sur 300 mètres. Les marnes délayées refluèrent sur une hauteur de 20 mètres dans le puits, et l'air comprimé y fit explosion en lançant la cage à travers la toiture. C'était jour de paye heureusement, et les hommes étaient sortis de la mine. Quant aux deux accidents de Marles déjà plus anciens, ils sont présents à toutes les mémoires (2). Tout le vieux quartier a été inondé par les niveaux à travers le puits n" 2, effondré le 2 mai 1866. L'exploitation s'est reportée ailleurs. Les ingénieurs conseils de la compagnie (5) ont pensé, avec beaucoup de justesse, que la marche la plus sage pour un long avenir était de déhouiller tout le reste de la concession en dehors de la partie inondée, dont on possède les plans, et en se gardant contre elle par des investisons

suffisants. A ce moment seulement on reviendrait au-dessous d'elle, à 500 mètres de la surface, et on exploiterait par une méthode descendante, en remblayant le mieux possible pour éviter les mouvements et en s'enfonçant jusqu'à la limite de profondeur que

permettraient à cette époque les progrès de l'art des mines. Puis, après avoir atteint cette limite, on remonterait vers le niveau de 175 mètres, qui est celui de l'inondation, en déhouillant avec prudence dans une marche remontante que l'on arrêterait d'ailleurs aux premières inquiétudes. Tous les autres projets pour rentrer directement dans le quartier inondé et y établir des serrements, ont été jugés avec raison chimériques, puisque la communication est ouverte avec les niveaux aquifères à travers un large passage rempli de bois, de pièces de machines et de pans de maçonnerie. (t) Annales des mines, 1873, 7. série, tome IV, page 6.3. (z)Glépin: Établissement des puits dans les terrains éhouleuxel aquifères. (3) Mémoire à présenter aux ingénieurs consultés, etc , par Cation (autographie).

Mémoire sur la question de reprendre la fosse n° 2, etc , par MM. Declercq, de Bracquemont, Alayrac et Lamborot.

ciens souvenirs, je rappellerai le terrible coup d'eau de Liége, en 1812,

quelles 15 enfants, sauvées au bout de cinq jours. L'inondation de la Plomterie (dans le faubourg Sainte-Walburge, à Liège également) noya la mine entière et exigea sept années d'efforts pour sa reprise. Un procès-verbal fort curieux du août ,66/1 relate un coup d'eau

du charbonnage de Crèvecur (Hainaut) dans lequel cinq ouvriers restèrent emprisonnés pendant né jours et 6 heures (i). L'inondation de la mine de Lalle, du ii octobre i86i,dans laquelle 109 hommes ont perdu la vie, a fait l'objet d'une relation très-émouvante

et fort instructive de M. l'ingénieur des mines Parran (2), qui, chargé du sauvetage, réussit à retirer six mineurs, dont quelquesuns étaient restés enfermés af4 jours sans aliments, sauf pendant la première journée. A Beaubrun (Saint-Étienne), on avait vague-

ment conservé le souvenir d'un quartier des noyés dont on ne connaissait plus la situation exacte, mais où, d'après la tradition,

des hommes avaient été surpris en perçant aux eaux dans des travaux plus anciens encore. On l'a, en effet, depuis lors, traversé dans un fonçage, et on y a retrouvé des squelettes d'hommes et ceux

de 17 mulets avec leurs harnais. Dans la mine de Landshipping (sud du pays de Galles), la mer a fait irruption au moment de la marée et a surpris Lb o hommes qui n'ont jamais été retirés (5).

Pour nous borner aux coups d'eau les plus récents, deux événements de ce genre viennent de s'ajouter à ces funèbres annales. Le 8 mai 1877, à Boche-la-Molière, un niveau de recherches précédé d'un coup de sonde de 5',3o perça aux eaux dans les vieux travaux. On battit en retraite, mais cinq hommes restèrent prisonniers. Ils furent délivrés au bout de huit jours, dont six s'étaient passés sans aucun aliment solide. Mais la faim ne leur avait pas fait endurer de souffrances comparables à celles du froid, leurs vêtements restant constamment mouillés par l'humidité. (A). Le ii avril 1877, la mine de Tynewidd (comté de Glamorgan, pays de Galles) fut inondée par la rencontre des vieux travaux (5). I.) Annales des mines, 6° série, tome IV, page 189. Annales des mines, 6.= série, tome IV, page .65. Le Cornu, Annales des mines, 7° série, tome XIV, page 354. Écho des mines, i7 mai 1877. Sauvage, Annales des mines, y° série, tome XIV, page 63. Bulletin de rassi, Compte rendu mensuel, septembre .877, page 9.