Annales des Mines (1878, série 7, volume 13) [Image 259]

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REVUE DE GÉOLOGIE.

niveau moyen de l'Océan, dans des ports contigus, qui tendaient à faire douter du nivellement qui les reliait. M. Boug uet de la G rye, en s'aidant des sondages du capitaine Na l'es, commandant du ChAlenuer, a pu aussi aborder la question plus générale de la forme de la surface des eaux de l'Océan. Il trouve une surélévation de â mètres dans la mer qui baigne les côtes de l'Amérique du Nord, par rapport au niveau de l'Océan près des îles du cap Vert. Les vents alizés, d'autre part, font creuser la mer de 2 mètres sous le tropique, à mi-distance entre l'Afrique et l'Amérique. En appliquant ce procédé de nivellement à la recherche de la différence de hauteur de la MéditetTanée et de l'Ottéan, pour deux points, Marseille et Brest, on arrive au chiffre i,o6, tandis que le nivellement terrestre donne i,o2. En appliquant les mêmes considérations à l'étude de ce qui se passe entre Suez et Port-Saï 1, on arrive à la démonstration du double mouvement de surface et de fond des eaux de la mer Rouge et de la mediterranée dans les différentes parties du canal.

Cette étude de M. Bouquet de la Grye ouvre une voie nouvelle dans la recherche de la forme réelle de notre planète. Des détermina Lions ch lorométriques suivies, faites par les navires,

pourraient servir aussi à améliorer les cartes des courants marins.

Nlodifirations des côtes. Les rivages maritimes éprouvent des modifications incessantes, qui peuvent provenir tantôt d'élévations où de dépressions, tantôt d'érosions ou de remblais formés par les alluvions. Il est facile de constater ces modifications par l'observation directe; mais, pour bien apprécier leur importance, il convient de comparer les changements survenus au bout d'un grand nombre d'années, en s'aidant de cartes des côtes et de documents historiques : c'est un travail que M. le capitaine de vaisseau Du mas -Vence (t) a entrepris pour la Marche et pour la mer du Nord. Ainsi, l'île Helgoland, à l'embouchure de l'Elbe, était autrefois beaucoup plus étendue et comptait plusieurs paroisses, tandis que, maintenant, elle se trouve réduite à un rocher esoarpé et à une seule commune. Chaque année la mer ronge activement ses falaises et de violentes tempêtes l'ont presque entièrement détruite vers les années 800 et t 300. Des irruptions successives de la mer ont considérablement mo-

5o3 difié le rivage des Pays-Bas et toute la côte occidentale de la PéGÉOLOGIE DYNAMIQUE.

ninsule danttise.

D'un autre côté, sur les côtes de France et d'Angleterre; un grand nombre de ports, qui él aient importants à l'époque romaine et au moyen âge, ont cessé d'exister et se trouvent actuellement

dans l'intérieur des terres, quelquefois même à une grande distance. Ce résultat e'expiique très-bien sait par des enva.,,ements et desremblais qui ont été opérés par les alluvions, soit par des soulèvements qui ont été bien constatés sur certains points des côtes.

Toutefois M. Dumas-Vence est porté à attribuer la perte des ports de la Manche à des abaissements considérab es dans les niveaux des marées de ce bras de mer. Lorsque l'Angleterre était

reliée au continent, la marée devait, en eflet, s'élever très-haut dans le fond du golfe que formait la Manche; c'est ce que semblent indiquer notamment les grandes dunes qui s observent sur les côtes de France et d'Angleterre. Lorsque l'isthme l'ut rompu, le niveau des marées diminua, sans doute, dans la àclinche et augmenta, au contraire, dans la mer du Nord dont les eaux étaient alors refoulées par celles venant de la Manche. Mais l'érosion sur les côtes de la Manche a été très-inégale et elle a varié beaucoup avec leur constitu ion géologique (t). Dans l'ouest, les granites de la Bretagne et du Cornouailles résistèrent naturellement beaucoup mieux que la craie friable et les dépôts sableux de la Normandie, de la Picardie et du sud de l'Angleterre. Par suite, tandis que le volume des eaux venant de l'ouest restait à peu près le même, le bassin de la Manche s'élargissait et augmentait par les érosions rapides qui avaient lieu dans l'est; en sorte-que le niveau des marées devait, tendre à diminuer.

Il est à remarquer seulement que si, au moment de la rupture de l'isthme du Pas.de-Calais, le niveau des marées a diminué subitement et d'une manière très-notable, depuis cette époque, qui est antérieure à Peistoire, il ne devait plus diminuer que faiblement et à peu près de la même quantité dans tous les ports de la Manche. GUERNEsEY.

M. Pea cock (2) a signalé, tout autour de l'île

de Guernesey, de nombreux vestiges de foréts'

tniet'uties. Il cite

des passages d'anciens historiens faisant allusion à cette terre aujourd'hui engloutie et donc la submersion, causée par un af(1) Lithologie du (ni des mers : Dépôts littoraux de la France.

(1) Rapport présenté au deuxième groupe du congrès internutiona del géographie, 1875.

C) Geta. Society, 21 juin 1876.