Annales des Mines (1878, série 7, volume 13) [Image 122]

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

que et pendant ses deux années de séjour à cette laborieuse École: aussi fut-il classé assez avantageusement pour les

terminer en deux ans, au lieu de trois, durée réglementaire. Après avoir fait deux voyages d'instruction, l'un, en 1854, en Belgique et au. Hartz, l'antre, en 1855, en Wurtemberg et en Suisse, il rédigea quatre mémoires, qui sont déposés à la bibliothèque de l'École des mines et qui témoignent du succès avec lequel il étudiait toutes les questions techniques. Ils concernent les mines de houille des environs d'Aix-la-Chapelle, les Mines et usines du Hartz, les usines à fer de la principauté de Furstemberg et les principales salines du Wurtemberg. Ces voyages lui procurèrent, en outre, le précieux avantage d'entrer en relations scientifiques avec plusieurs des chimistes éminents de l'Allemagne.

Quand il revint de son second voyage, à -la fin de 1835, son maître Berthier, toujours bon apprécia.teur du mérite, le fil; attacher .au service du laboratoire de l'École des «mines. Trois ans plus tard, en février 1858, il fut nommé

professeur adjoint de docimasie et directeur adjoint du laboratoire, fonctions qu'il conserva pendant trois ans. Au mois de novembre 184o, d'autres occupations l'obligèrent à s'en démettre et il eut alors Ebelmen pour successeur.

Dès son entrée au laboratoire, on le vit produire des travaux nombreux et des plus remarquables. Il se sentit tout d'abord entraîné vers la chimie organique, alors en plein essor. Mais il fut loin, pour cela, de négliger la chimie minérale, qui faisait partie de ses fonctions. Dans la même année 1857, et malgré une maladie grave, contractée dans les fatigues du laboratoire, il publia deux travaux de pre-

mier ordre. Le premier concerne l'action de la vapeur d'eau à une haute température sur les métaux et sur les

sulfures, ce qui le conduisait à une nouvelle classification

des métaux. L'autre est une étude, magistrale et restée

DE M. REGNAULT.

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classique, des combustibles minéraux, considérés dans leur

ordre géologique, leur composition et leurs applications industrielles. Tous les ingénieurs et les maîtres de forges connaissent cet utile travail, qui a fait époque dans l'industrie comme dans la science. Le chimiste de l'École des mines vint aussi en aide à la minéralogie, par ses études sur le diallage et sur le mica, et à la métallurgie, par son procédé de dosage du carbone dans les fontes. L'ingénieur Regnault, après avoir quitté ses fonctions de

professeur à l'École des mines, reçut une mission du

ministre des travaux publics, chef de la surveillance administrative des appareils à vapeur, sur la proposition de la commission centrale des machines à vapeur (dont if fut nommé membre en avril 1843) : c'était de déterminer les principales lois physiques et les données numériques qui entrent dans le calcul des machines à vapeur. Par des travaux de l'ordre le plus élevé, dont le rôle important. dans nos connaissances vient d'être apprécié, Regnault rendit ainsi des services de la plus haute portée à l'industrie féconde des appareils à vapeur. Grâces soient rendues à l'administrateur éminent, feu M. Legrand, directeur général des ponts et chaussées et des mines, qui provoqua une mesure doublement féconde pour la science et pour l'industrie en général. Le ministère des travaux publics a aussi droit à une part de reconnaissance pour la subvention dont il a encouragé l'exécution des expériences de Regnault et la publication de leurs résultats. A ce sujet, je ne crois pouvoir mieux faire que de citer textuellement la déclaration officielle suivante, insérée au Moniteur, pour motiver la promotion exceptionnelle au

grade d'ingénieur en chef, qui suivait immédiatement la publication du premier volume des Résultats d'expériences : « Les nombreuses expériences auxquelles s'est livré M. Regnault l'ont conduit à formuler de nouvelles