Annales des Mines (1877, série 7, volume 11) [Image 51]

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BIOGRAPHIE.

DE FRANQUE-VILLE.

M. de Franqueville rentra le soir à Aix légèrement indisposé. Il lui fut cependant possible de sortir le lendemain,

« et même de passer au Casino une partie de la soirée; mais, dans la matinée du surlendemain samedi, il se sentit très-souffrant en sortant de l'établissement thermal.

« M. le professeur Bouillaud, membre de l'Institut et professeur à la Faculté de médecine de Paris ; M. le docteur Vidal, médecin-inspecteur de l'établissement thermal, ainsi que deux chirurgiens mandés, l'un de Lyon,

l'autre de Chambéry, lui prodiguèrent leurs soins sans pouvoir arrêter le cours de la maladie. « Le lundi soir, son -fils, mandé par un télégramme, arrivait près de lui; un moment ,on espéra que la péritoDite allait céder, mais la nuit fut mauvaise, et les symptûmes fâcheux étaient fort aggravés le mardi matin.

« C'est alors que er Mermillod, évêque d'Hébron , auxiliaire de Genève, fut appelé auprès du malade, qui avait conservé toute sa connaissance et ne soupçonnait même pas la gravité de son état. »

M. de Franqueville avait reçu une éducation chrétienne, et si, pendant sa jeunesse, il s'était éloigné de la pratique des sacrements, il n'avait pas perdu la foi. A mesure qu'il avançait en âge, il se rapprochait davantage de l'Église. En 1867, il avait, après avoir suivi la grande retraite de Notre-Dame, fait le dernier pas dans la voie d'un

complet retour à Dieu, et les dures épreuves qu'il avait traversées n'avaient fait que l'affermir dans sa foi. Il accueillit cordialement Mgr Merrnillod, et quelques moments

plus tard, vers onze heures, M. l'archiprêtre d'Aix lui apportait la sainte communion. « Cependant, ajoute la notice, le mal marchait avec une effrayante rapidité. L'extrême-onction fut administrée

au malade, qui put encore répondre, en latin,

aux

prières de l'Église; mais, la cérémonie à peine achevée,

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M. de Franqueville parut s'assoupir, et quelques minutes après, à midi, il avait rendu son âme à Dieu. En présence des nombreuses marques de sympathie qu'il reçut alors de toutes parts, M. Charles de Franque« ville voulut faire célébrer, à Aix même, un service fu« nèbre avant de partir avec les restes mortels de son père. »

à Aix. - Cette cérémonie fut célébrée le 31 août, au milieu d'un imposant concours des Cérémonie funèbre

habitants d'Aix et des principaux fonctionnaires de la Savoie et des départements voisins. Après l'absoute donnée par Mgr 1VIermillod, le corps fut transporté à la gare du chemin de fer et déposé dans un wagon-salon envoyé par la compagnie de Lyon. A ce moment, plusieurs discours furent prononcés par M. le comte du Moulin, ingénieur en chef du département ; par M. de Valavieille, préfet de la Savoie;

enfin, par M. Daubrée, inspecteur général des mines. M. le comte du Moulin fit ressortir avec émotion que

c'est en allant, par un temps affreux, voir un tracé de chemin de fer que M. de Franqueville avait pris le germe de la maladie qui l'avait enlevé, pour ainsi dire, d'une manière foudroyante.

M. le marquis de Valavieille prit la parole à son tour dans les termes suivants « Messieurs,

Avant de nous séparer de l'homme éminent dont nous pleurons la perte, qu'il me soit permis de donner lecture de la dépêche que M. le ministre des travaux publics a adressée au fils da défunt, au moment où il a appris la fatale nouvelle

Le ministre des travaux publics à M. Charles de Franqueville.

J'apprends avec douleur la mort de votre père. J'avais, « pendant le trop court temps où nous avons travaillé en-