Annales des Mines (1876, série 7, volume 10) [Image 321]

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il y a fort à craindre la formation d'une atmosphère explosive dans la cale ou dans les soutes. A ce sujet, le docteur Perey et le professeur Abel observent dans leur note, annexée au rapport, que l'on devrait avoir recours à tous les moyens possibles pour faci-

liter l'échappement de ce gaz du charbon qui le renferme et son expulsion à l'air libre; mais il serait à craindre, le gaz nécessitant une grande admission d'air pour devenir explosif, que la ventilation introduisant l'air au milieu du chargement ne devînt hautement nuisible. Il faudrait donc, afin de diminuer les risques d'explosion,

avoir des moyens de ventilation très-actifs et permettant l'expulsion à l'air libre du courant, aussitôt après qu'il a été en contact avec le charbon, autrement dit une circulation rapide entraînant le gaz inflammable. La commission discute sommairement les moyens d'extinction du feu par la production d'acide carbonique que l'on introduit au milieu de la partie enflammée du charbon, et elle est d'avis que ce gaz n'ayant pas d'effet refroidissant ne peut être employé dans le cas où une masse considérable de charbon est enflammée ; l'eau et la vapeur sont alors les seuls agents à. employer. En somme, les conclusions de la commission peuvent se résumer ainsi

1° Certaines espèces de charbons sont particulièrement dangereuses comme chargement pour de longues traversées. an Le brisement du charbon dans son transport de la fosse à la cale du navire, l'embarquement du charbon pyriteux dans un état humide, et particulièrement la ventilation à travers la masse de la cargaison, sont propres à engendrer les combustions spontanées. 3' Les combustions eussent été moins fréquentes si les soumis. sionnaires et les armateurs avaient tenu compte de ces faits. LorSque le charbon doit être transporté à de grandes distances, il faut vérifier fréquemment les températures des différentes parties du chargement et les porter sur le journal. 5' Dans le but d'éviter les explosions, de libres et continuelles issues à l'air libre doivent être données, en outre de l'ouverture du grand panneau, afin d'avoir un système de ventilation à la surface bon pour tous les temps. 6" Afin de bien déterminer quels sont les charbons les plus susceptibles de combustion, les inspecteurs des mines seront tenus de faire une enquête toutes les fois qu.une combustion de charbons provenant de leur district sera signalée, les armateurs ou le capitaine devant faire connaître la dénomination du charbon formant la cargaison.

BULLETIN.

Gag

7" Il n'y a pas lieu à modification dans la législation au sujet du transport des charbons, sauf en ce qui est dit dans l'article précédent.

En terminant, nous dirons que d'après une statistique établie par l'agence du Lloyd, en 1874, sur 51.116 chargements de charbon montant à 13.369.012 tonnes, il s'est produit 70 cas de combustion spontanée. Dans ce nombre, sur 10 millions de tonnes portées par 26.631 navires et destinées aux différents ports d'Eu-

rope, y compris ceux de la mer Noire, il ne s'est produit que o cas, tandis que les 60 autres cas se sont manifestés pour les .2.85o.000 tonnes transportées en Asie, en Afrique ou en Amérique, par 4.485 navires. (Extrait de la REVUE MARITIME ET COLONIALE,

tobre 1876.)

numéro d'oc-

ILIl est intéressant de rapprocher de l'étude faite par la commission anglaise les conclusions auxquelles était arrivé en 186r M. Canon, ingénieur en chef des ruines, dans un rapport présenté à. la commission centrale des machines à vapeur au sujet de l'explosion survenue à bord du brick de commerce le Saint-Yves, allant de Cardiff à Gibraltar.

Ce navire portant un chargement de houille avait sombré en mer par suite d'une explosion du gaz qui s'était développé dans sa cale. Le fait avait été signalé par le capitaine du brick, qu'une goélette anglaise avait recueilli. M. Gallon, dans son rapport, insista sur la distinction à établir entre les. explosions et les incendies dans les chargements de houille à bord des navires. On sait qu'un morceau de houille récemment extrait d'une mine

à grisou et mis sous une éprouvette, donne un dégagement de gaz qui dure quelquefois pendant plusieurs jours. Un chargement de houille fait à bord dans ces conditions dégagera donc du gaz irrespirable et explosif (*). Dans ce cas la cale du navire est analogue à un quartier de mine temporairement envahi par le gaz.

On sait aussi que certains charbons, principalement les charbons menus et pyriteux, s'échauffent et s'enflamment spontanément; un courant d'air dans ce cas, rafraîchit seulement les surfaces, et favorise la combustion ; il serait donc ici plus nuisible qu'utile. (") Les variations barométriques ont une influence très-sensible sur ce dé-

gagement.