Annales des Mines (1876, série 7, volume 10) [Image 312]

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REVUE DE GÉOLOGIE.

GÉOLOGIE DYNAMIQUE.

Imprégnations produites par des filons de chaux phosphatée CACERES. Si l'infiltration des eaux souterraines suffit pour disséminer la chaux phosphatée dans les roches voisines, il est facile de comprendre que des phénomènes de métamorphisme s'observeront surtout au contact de la chaux phosphatée, lorsqu'elle se sera déposée dans des filons. C'est particulièrement ce que MM. Egozc ue y Cia et Mallada (1.) ont constaté dans la province de Caceres, en Estramadure. La chaux phosphatée s'y montre en filons bien caractérisés, qui sont en contact avec des granites, des schistes et des grès ou bien des calcaires. Les granites encaissants ont fréquemment subi de profondes altérations; presque toujours ils ont pris l'état' terreux et leur feldspath peut avoir une teinte vert clair: de plus ils ont été traversés par des veines argileuses rougeâtres. Les schistes et les grès sont en général peu métamorphosés; cependant, on constate qu'ils sont endurcis et cimentés par la

Partant de l'observation de ces phénomènes actuels, M. J. rançoi s attribue aux eaux minérales le métamorphisme observé sur

phosphorite qui leur donne quelquefois une structure bréchiforme, et les pénètre aussi d'un réseau de veinules. Les calcaires sont devenus caverneux, comme s'ils avaient été

corrodés dans certaines parties, et dans leurs cavités, il s'est déposé de la phosphorite, de la silice, du quartz hyalin ainsi que de la chaux carbonatée cristallisée. Le métamorphisme de contact exercé par ces filons de phosphorite s'explique très-bien, en admettant que leur remplissage ait été opéré par des sources minérales chaudes, saturées d'acide carbonique et contenant en dissolution du phosphate de chaux ainsi que de la silice.

Imprégnations salines produites par des eaux minérales. M. jules François (2) a étudié le métamorphisme produit par les eaux thermo-minérales de la partie nord du Caucase. A Piatigorsk où il existe un groupe important de sources hydrosulfurées, alcalino-calcaires avec acide carbonique libre, on voit dans la galerie Tobieff l'eau minérale, qui est à. peu près à la CAUCASE.

température de 40°, s'échapper par les cassures d'une marne éocène ;

comme elle laisse dégager son acide carbonique, il en résulte un dépôt de chaux carbonatée qui forme des veines. Dans la galerie Mikhaël, elle paraît avoir produit des veines de pyrite de fer et de baryte sulfatée.

diverses roches duCaucase, notamment sur celles qui ont été imprégnées par des substances salines. Lorsque ces roches étaient très-poreuses, on conçoit queles eaux minérales les aient pénétrées facilement ; ainsi les sables du gault de Slaboda-Kisslowodsk ont été impré-

gnés de sels de soude qui, en se délitant, y produisent des grottes naturelles, dont les arceaux s'agrandissent progressivement. Lors même que les roches étaient très-compactes, les eaux minérales ont encore pu les métamorphoser ; car, à Piatigorsk, la craie à, inocérames a été intimement pénétrée de sels de soude et de ma-

gnésie (carbonate, chlorhydrate, sulfate), ainsi que par des aiguilles de gypse. Les eaux minérales ont donc métamorphosé les roches à travers lesquelles elles s'infiltrent et elles continuent à les métamorphoser à l'époque actuelle ; comme le remarque M. Jules Fran ç ois, ces phénomènes sont surtout bien visibles dans le Caucase où les émanations salines acquièrent une ampleur remarquable.

Formation de dolomie par métamorphisme. MM. Doelter et [bernes (i) ont étudié les divers TYROL. modes possibles de formation de la dolomie, en portant surtout leur attention sur celle du Tyrol méridional. Les auteurs font remarquer qu'il y a lieu de distinguer : 1." la dolomie normale 2' les roches intermédiaires entre la dolomie et le calcaire dolomitique; 6^ le calcaire dolomitique. La dolomie normale est toujours assez exceptionnelle, et elle se rattache intimement aux massifs voisins de calcaire dolomitique. MM. Do el ter et II oer nes ajoutent que les roches du Tyrol mé-

ridional étaient très-riches en magnésie, et que la mer triasique devait recevoir beaucoup de sels de cette substance ; ces sels, notamment le chlorure, réagissaient sur le calcaire produit par l'activité organique et le transformaient en calcaire dolomitique. Le massif du Dachstein étant composé de calcaire pur et de couches dolomitiques sous-jacentes, ces dernières ont dû être dolomitisées avant le dépôt du calcaire, c'est-à-dire a l'époque même de leur formation. En résumé : i° des calcaires faiblement dolomitiques peuvent être formés directement clans la mer par l'activité organique; 2° des gisements exceptionnels de dolomie normale peuvent se former après coup par l'introduction du carbonate de

Memorias de la C0711i8i011 del maga geologico de &pana .

An., de chimie et de physique, 5,, série, VI, 1875.

(1) Jahrb. d. K. K. g. R., XXV, 3.