Annales des Mines (1876, série 7, volume 9) [Image 74]

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EXPÉRIENCES SUR 'L'IMITATION ARTIFICIELLE

de 12 grammes, présente trois axes et six pôles dont on peut4 reconnaître la situation, soit au moyen de l'action, qu'ils exercent sur l'aiguille aimantée, soit en examinant les figures qu'ils font naître dans de la limaille de fer répandue sur

une feuille de papier, selon la portion de la pépite qu'on en approche. On pouvait se demander si de l'oxyde magnétique disséminé dans le platine natif ne pouvait pas être la cause de cette polarité. La pépite principale ayant été polie de manière à présenter une face très-miroitante, on traita cette dernière par l'acide chlorhydrique concentré, qui fut sans action à froid et même à chaud. Le même échantillon étant soumis ensuite à une chaleur rouge, on voit apparaître sur la face polie des irisations très-vives : des zones de couleurs

fort différentes et séparées par des contours tout à fait nets, sont disposées concentriquement autour des cavités

de l'échantillon, ainsi que des petits grains étrangers qui y sont disseminés. Ces bandes, en annonçant que la substance est loin d'être homogène, montrent en outre.de quelle manière les divers alliages s'y sont répartis. Mais on n'y remarque rien qui manifeste une structure cristalline, comparable à celle que révèlent si nettement les figures de Widmanstaetten sur les fers d'origine météorique. L'eau régale, en attaquant cette surface polie, y fait apparaître, en saillie, de petits grains d'un gris d'acier, qui restent inattaqués, comme le ferait de 1' osmiure d'iridium. Enfin, l'action du bisulfate de potasse en fusion a servi à poursuivre cette sorte d'analyse médiate et à faire reconnaître l'hétérogénéité qui règne dans la constitution intime des pépites. Les pépites de platine étant des alliages très-complexes des métaux qui appartiennent au groupe du platine et de plusieurs autres, il convenait, pour se rendre compte de la cause de leur polarité magnétique, de procéder par la syn-

thèse. C'est ce que j'ai fait, en recourant au procédé de

DU PLATINE NATIF, IMAGNÉTI-POLAIRE.

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MM. Henri Sainte-Claire Deville et Debray, et en profitant

de l'installation si bien organisée au Conservatoire des arts'et métiers pour la fusion du platine, grâce à l'extrême obligeance de notre savant confrère M. Tresca, et à celle M. Gustave Tresca, auquel je suis redevable d'un concours aussi habile qu'empressé.

Avant de former directement des alliages, j'ai désiré voir si, après la fusion, un aimant de platine conserve sa propriété magnéti-polaire. Une pépite de cette nature étant fondue dans un creuset de chaux, on voit, pendant qu'elle est en pleine liquéfaction, en jaillir des étincelles dues, au moins en partie, à la combustion d'une partie de son fer. En même temps, à la surface du bain incandescent, apparaît

une pellicule opaque qui s'y meut rapidement, rappelant exactement ce qui arrive dans la coupellation de l'argent; mais, au lieu de l'oxyde de plomb, c'est de l'oxyde de fer qui se produit ici, et qui après le refroidissement forme une croûte cristalline sur une partie du bouton métallique. Le culot obtenu, après une fusion prolongée pendant une minute environ, était encore magnétigne, mais plus faiblement que l'échantillon primitif, et il ne présentait plus de polarité; il a toutefois repris cette dernière propriété sous l'action d'un électro-aimant. Le changement observé à la suite de la fusion ne résulte sans doute que de l'élimination d'une partie notable du fer allié au platine, par suite de l'oxydation.

Les fusions dont il va être question, de même que cette première, ont eu dieu dans un creuset de chaux, sous l'action d'un chalumeau alimenté simultanément par le gaz d'éclairage et l'oxygène. En vue du but qu'il s'agissait d'atteindre, on a fondu du Platine avec un quart de son poids de fer (.24 grammes de Platine et 6 grammes de fer). Pour cela, le platine étant en Pleine fusion, on y a ajout té du fil de fer très-doux (*), qui (*) Fil de bobine électro-magnétique.