Annales des Mines (1875, série 7, volume 7) [Image 90]

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Le 15 novembre 1874, un poste était arrivé à 5 ou mètres du barrage en construction quand l'un des trois hommes, nommé Badinand, fit signe qu'il voulait revenir. Les deux autres s'empressèrent de le soutenir chacun par un bras, mais il s'affaissa sur lui-même. Au même instant, la conduite 'de la pompe s'engageait derrière une pierre; le porteur du distributeur rebroussa chemin pour la dégager, tandis que le troisième ouvrier, Rebaud, continuait à entraîner Badinand en sens inverse. Dans ces efforts contraires, l'emmanchement reliant le tube respiratoire de Rebaud au distributeur se rompit. Rebaud, se voyant alors exposé à une mort certaine, abandonna Badinand , appela au secours, marcha 12 mètres à tâtons

(le tube de sa lampe s'étant naturellement aussi séparé du distributeur) et finit par tomber à 5e mètres environ

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du puits. Le surveillant, muni de l'appareil portatif, accourut au premier cri et rencontra Rebaud, au moment où il venait de tomber ; il l'emporta alors, aidé du porteur du distribu-

teur, qui revenait avec ce distributeur séparé de la conduite d'air. Le sauvetage de Bebaud n'avait fait perdre de vue qu'un instant celui de Badinand. Un sous-ingénieur de la mine, qui: s'était hâté de gonfler un appareil portatif encore disponible, se précipita vers le lieu du sinistre, trouva Badinand étendu à l'extrémité de la galerie à travers bancs, et l'emporta seul jusqu'à 5o mètres du puits. Mais là il perdit, sans savoir comment, l'emmanchement de sa -lampe et il

aurait été forcé d'abandonner son précieux fardeau, s'il n'avait été rejoint par le surveillant qui venait de sauver Rebaud et qui aida le sous-ingénieur à ramener Badinand jusqu'au puits. Bien que celui-ci reçût là inimédiatement tous les secours désirables, il ne put être ramené à la vie. Quant à Bebaud, il avait repris connaissance au bout de deux ou trois minutes.

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AFPAREIL FAYOL.

ACCIDENTS DANS LA HOUILLÈRE DE BEAUBRUN (LOIRE),

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A l'occasion de ces malheureux accidents, on pourrait peut-être faire deux remarques

° L'embouchure, appliquée imparfaitement contre la bouche, doit y laisser pénétrer trop facilement l'air extérieur.

2° 11 est certainement dangereux d'atteler une brigade d'ouvriers à un seul et même appareil distributeur. Si l'un des ouvriers perd la tête, la vie de ses camarades peut se trouver compromise.