Annales des Mines (1874, série 7, volume 6) [Image 108]

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

DE M. ÉLIE DE BEAUMONT.

de la mort l'a touché de son aile sans l'avertir, il ne l'a

pouvait nous Lions scientifiques de cette belle vie, ce qui

point surpris. Il était de ceux dont les dettes sont toujours

payées. Son âme immortelle et pure a dû quitter sans trouble et sans effroi cette terre, dont il a tant contribué à révéler les splendeurs ou à faire admirer les harmonies. Elle pouvait remonter calme vers les régions sereines, objet constant des aspirations de notre vénéré confrère, et se présenter confiante devant le souverain juge, en qui il avait toujours placé ses espérances et sa foi.

Adieu! Élie de Beaumont, mon bien cher confrère vieil ami, adieu!

et

DISCOURS DE M. CHARLES SAINTE-CLAIRE DEVILLE, Membre de l'Académie des Sciences.

Messieurs,

Aussitôt que le coup si funeste et si inattendu qui vient de nous frapper a été connu de l'Académie des sciences, elle a voulu être représentée aux obsèques de son illustre secrétaire perpétuel. Hier, à cette même heure, deux de nos confrères et moi assistions aux premières cérémonies de l'Église, près de la demeure, fondée jadis par les éminents magistrats, ses ancêtres, où lui-même avait reçu le jour, où il devait continuer ces traditions de bienveillance et de charité qui y font bénir le nom d'Élie de Beaumont. Notre président a dignement exprimé alors les sentiments qui nous animent tous en cette cruelle circonstance: Aujourd'hui, j'ai dû, sur l'invitation de la section que M. Élie de Beaumont a illustrée pendant près de vingt ans, et où il comptait presque autant de disciples que de confrères, tracer à la hâte, et sous l'impression de la douleur,

quelques pages, où je chercherai surtout, dans les tradi-

éclairer et nous aider dans notre tâche, ce qui peut encourager un jour nos successeurs. On peut dire que le trait saillant et vraiment caractérisde deux quatique de M. Élie de Beaumont est la réunion lités en apparence opposées, et qui ne se rencontrent, en moins excellemment, dans le

effet, 'presque jamais, au incessant et abmême esprit : c'est, d'un côté, un besoin solu d'exactitude et de précision, de l'autre, un magnifique développement des vues les plus ingénieuses et les plus élevées.

Et d'abord, cette recherche de la précision, si difficile à établir dans les sciences qui n'ont pas encore derrière elles un long passé, s'observe chez lui à toutes les époques de sorte d'horreur sa carrière. Il a toujours et partout une près. N'est-il pas, en effet, cupour le vague et l'à peu rieux et instructif de voir celui à qui ses adversaires reprochaient de ne pas tenir un assez grand compte des forces actuelles de la nature, étudier les manifestations présentes les de ces forces avec cette perfection qu'on admire dans

deux premiers volumes de sa Géologie pratique, et leur faire

connaître à eux-mêmes, comme à nous, la vraie mesure de ces forces?

Et ceci était encore un des caractères de son talent. A. chaque objection, plus ou moins vague, il ne répondait de que par des observations nouvelles, originales, douées finesse et de précision. Parmi de nombreux exemples, je citerai le mémoire, qui lui est commun avec M. Dufrenoy, où, répondant aux critiques adressées à la célèbre théorie des cratères de soulèvement, proposée par M. Léopold de Buch, les auteurs l'étendue de la établissent mathématiquement, d'après la somme masse soulevée et la hauteur qu'elle a atteinte,

des vides et des fissures qui ont dû résulter du mouvement.