Journal des Mines (1814, volume 36) [Image 101]

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SUR LES VASES MURRIIINS.

triques, dont les couleurs alternaient ; or cette .pierre était parfaitement connue chez les Romains. Pline a .décrit non-seulement la sarclanyx , mais toutes les nombreuses variétés d'agates, avec tant de précision , quant à ce qui concerne leur aspect, que les meilleurs naturalistes ne sauraient guère -mieux faire aujourd'hui. Croira- t- on qu'il n'eût pas reconnu la sardonyx dans une matière aussi commune que celle dis vases murrhins (I)? En vain objecterait-on que les anciens ont quelquefois appliqué à cette matière le nom d'onyx, comme dans ce vers de Properce.: Et croc/no nares murrens ungat onyx -(2).

Pour connaître, en pareil cas, la valeur de ce mot, il fàndrait avoir examiné l'ensemble des connaissances minéralogiques des anciens.

Ceux qui ne se sont occupés que d'un petit

nombre de questions isolées, ont toujours été trompés par cette expression et quelques autres semblables. Chez les anciens, le .mot onyx ne signifiait le plus souvent rien de précis quant à la nature de la pierre ; il indiquait seulement, par rapport aux couleurs, ordinairement muge et Hanche, une disposition :en zones plus ou moins vagues, à peu près comine celle qu'on remarque quelquefois vers l'extrémité des ongles, (i) Les couleurs ratiges et blanches, cis.posées en zones concentriques, qu'affeetaient quelquelbià- les vases mur-

rhins , ne forment pas un caractère assez tranché pour réunir cette matière à la sardonyx : son peu de .dureté et bien tres caractères l'en séparent d'une manière incontestable. (2) Propert. , eleg. 8.

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d'où l'on a dérivé le nom d'onyx (gvu, ongle). 'Aussi a-t-il été appliqué à des matières trèsd ifférenteq des agates, à.certaines variétés d'albâtre, soit calcaire, soit gypseux , -et à d'autres pierres qui 'n'ont rien dé commun entre elles que d'être disposées par couches concentriques (1), et d'avoir été formées par concrétion. Après ce qui vient 'd'être dit, nous pouvons nous dispenser d'entrer dans de nouveaux dé-

tails pour prouver que la matière des vases murrhins n'avait aucun rapport avec l'obsidienne; car assurément cette dernière n'est pas communément formée par concrétion. On se convaincra d'ailleurs de leur différence, par ce que nous ajouterons plus bas sur ses couleurs , sa

dureté, etc. s.

IIL

Si la matière nzurrhine existe enc-ore.

Prétendre, avec quelques auteurs, que cette matière nous est tout-à-fait inconnue aujourd'hui, et qu'el-le n'existe plus, est sans doute (i) Voilà pourquoi encore il est souvent employé chez les anciens pour désigner les vases à renfermer le nard et les parfums, quoique jamais on ne les fît avec la pierre qui a porté chez les modernes le nom: d'onyx. ( On rapportera les preuves de cette opinion en parlant des albàtres mis en uvre dans l'ancienne Egypte.) Tout ce qu'il est donc pos-

sible de conclure de l'épithète onyx donnée aux vases murrhins , c'est qu'ils présentaient parfois cette dispoSition de couleurs, et .ce tissu particulier qui font connaître qu'une matière minérale a été formée par concrétion , comme les agates 5 mais il faut s'arrêter là.