Journal des Mines (1811, volume 29) [Image 95]

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80 SUR L'ART PE FABRIQUER DU FLINT-GLASS servi dans l'optique. Mon intention est de parler seulement des efforts faits, à l'époque où nous vivons, pour parvenir à la fabrication d'un bon flint-glass, et d'enseigner les moyens

inconnus jusqu'à présent pour y arriver. Par la dissertation que j'offre ici, on verra qu'il n'y avait qu'un fabricant de cristal qui pût y réussir. Tout autre qui travaille à faire du flint-glass pour l'optique , court à sa ruine, et s'abuse lui-même, ou cherche à tromper les autres. Mais la fabrication du flint-glass pour l'optique n'offre pas assez

d'importance au manufacturier Même , pour l'engager à des essais toujours dispendieux , parce qu'ils dérangent des travaux, dont le premier àvantage est d'avoir une marche constante q-,réguliere. La consommation du flint-glass pour

l'optique ne s'élève certainement pas tons les ans à cinq cents kilogrammes pour toute la France. Dans les premiers imomens cela pourrai t aller plus haut ; mais je doute fort que

les opticiens, une fois approvisionnés et mis au courant de leur fabrication , consomment annuellement la quantité que je viens de dire. Au reste si cette quantité de flint-glass est peu de chose pour le fabricant qui la vend, elle est de la plus grande importance, d'abord pour l'opticien qui l'achète et en confectionne des lunettes d'un prix plus ou moins élevé , et ensuite pour le savant, qui sans cela ne peut avoir ces grands et beaux instrumens avec lesquels il fait ses observations. n'y avait donc que l'attrait des récompenses promises

par le Gouvernement, ou qu'un grand zèle pour le bien 7eublic elle progrès des sciences, qui pouvait déterminer un

fabricant à se livrer à la suite de travaux qui devaient

amener le résultat cherché. Il Fallait, de plus, que ce fabricant eût les connaissances de théorie nécessaires, sansquoi son travail ne pouvait aboutir à rien, et son zèle n'aurait servi qu'a l'égarer. M. Dufougeray, , ,quand il vint offrir ses premiers essais en ce genre, et présenter du flint-glass assez pur pour en faire de bonnes lunettes de petites dimensions , fut donc le premier en France qui donna des espérances bien fondées pour la solution du problème proposé. Avantageusement connu par la beauté des cristaux qui sortent de la manu-

facture du Creuzot , dont il est entrepreneur, personne n'est .,plus que lui favorablement placé , et ne réunit

moN roun. L'OPTIQUE. 181 plus de moyens pour réussir à faire de bon et d'excellent flint-glass ; aussi le Gouvernement lui a-t-il prodigué les encouragemens les plus généreux. En effet, il a depuis mis dans le commerce du flint-glass dont on a fait usage pour la confection des petites lunettes. S'il n'a pas encore fait paraître de grands objectifs de lunettes astronomiques, on ne doit pas sans doute l'imputer à un défaut de zèle, mais à un malheureux, concours de circonstances qui l'a empêché d'en obtenir malgré ses efforts. Il y parviendra certainement, comme tous les fabricans de cristal qui voudront suivre les principes et les conseils que j'ai consignés dans ma dissertation.

Depuis que l'Institut m'avait daigné choisir pour faire, sur l'Art de la Verrerie, un traité complet qui devait servir de suite aux arts et métiers de l'Académie, je m'étais toujours plus ou moins occupé du problème de la fabrication d'un flint-glass bon pour l'optique. Jamais je n'avais envisagé ce travail sous le rapport du commerce , cela n'en valait point la peine, comme je viens de le dire ; mais il importait beaucoup à ma satisfaction de pouvoir donner dans mon ouvrage, quand je le publierais, des préceptes sûrs pour arriver au résultat inutilement cherché depuis si long-Lems. Je me serais peu inquiété qu'un autre vînt produire avant, moi de bonnes et grandes lunettes astronomiques, faites avec du flint-glass français si au moins j'étois le premier à publier les moyens de le faire , et si je remplissais ainsi , (l'une manière convenable, cette partie de la Lâche qui m'était confiée par l'Institut. Je ne cherchais donc pas à rendre public encore le résultat de mon travail à ce sujet : donnant à MM. Lerebours et Cauchoix tout le flint-glass, bon ou mauvais, que je faisais, je profitais de leurs conseils ,pour essayer de parvenir à des résultats meilleurs ;

et petit-a-petit j'arrivais a régulariser cette fabrication, autant qu'elle petit l'être d'après sa nature, pour la traiter ensuite, ex prcifesso , dans mon ouvrage, tandis que le résultat de mes essais contribuait d'autant à fournir des matières aux opticiens qui la travaillaient. C'est sur ces entrefaites que M. Cauchoix (I) ayant essayé

à l'Observatoire, et comparé avec la grande 'lunette de (i) Le Gouvernement lui a donné depuis un logement au Collége des Grassius. Tvl 3