Journal des Mines (1811, volume 29) [Image 87]

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sun L'ARSENIC si elle était fondée, tendrait à faire soupçonner

cille le réalgar., la seule des modifications de l'arsenic sulfuré dont ce savant ait cité des cristaux , n'est autre chose qu'un soufre mélangé d'une quantité d'arsenic susceptible de varier suivant les circonstances. Ce soupçon s'appliquerait surtout au réalgar des volcans, près duquel on trouve quelquefois le soufre pur qui s'est Sublimé par la même action du feu, sous la forme de petits octaèdres rhomboïdaux. Enfin, l'opinion dont il s'agit aurait encore en sa faveur l'analogie d'un caractère physique trèsremarquable, savoir celui qui se tire de la pro-. priété qu'ont l'arsenic Sulfuré et le soufre de devenir électriques, à l'aide du frottement, sans avoir besoin d'être isolés, et d'acquérir dans ce cas une forte électricité résineuse (i). N'ayant eu jusqu'alors aucune occasion d'observer des cristaux d'arsenic sulfuré qui eussent des formes prononcées, je m'étais borné à proposer des doutes qui ne pourraient être éclaircis que par une détermination précise de ces formes. Il s'agissait de savoir si l'analogie présumé par Romé-de-l'Isle entre la .cristallisation de l'arsenic sulfuré et celle du soufre était réelle, si les cristaux produits pari:action du feu avaient

le même type que ceux qui avaient été formés par la voie humide , enfin si l'orpiment et le (i) Au reste , cette analogie n'aurait de force qu'autant qu'elle serait jointe à celle de la forme, puisque le zinc sulfuré, qui est une espèee toute particulière, manifeste, quoique dans un degré moins sensible, la même propriété , lorsque le morceau soumis à l'expérience jouit d'une belle trans'. parence.

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réalgar n'étaient distingués que par des diffé.

rences accidentelles (1). Les résultats que je vais exposer me paraissent propres à décider ces diverses questions d'une manière définitive. C'est à M. Monteiro , minéralogiste portugais

d'un mérite distingué, que nous sommes redel'ables des observations qui ont donné naissance à ces résultats. Ce savant ayant examiné avec beaucoup d'attention des cristaux d'arsenic sulfuré rouge de Kapnick , qui faisaient partie de diverses collections, découvrit dans l'aspect de leurs formes l'empreinte évidente d'un prisme rhomboïdal oblique, du genre de ceux qui offrent les formes primitives du pyroxène et de l'amphibole. Il remarqua que ce prisme était niodifié par des facettes, dont les unes rempla-

çaient des angles solides, et les autres des. arêtes ; et la symétrie qu'offraient ces facettes dans leur

distribution en se répétant deux à deux, ou quatre à quatre., sur des parties correspondantes du prisme rhomboïdal , ne permit pas à M. de Monteiro de douter que la forme des

cristaux dont il s'agit ne fût le résultat d'un s-ystème tout particulier de cristallisation.Cette vue, qui annonce dans son auteur autant de sagacité que de connaissances en cristallographie, suffisait seule pour prouver que les formes de l'arsenic sulfuré étaient essentiellement distinguées de celles du soufre. M. Chierici , savant minéralogiste italien, qui possédait un groupe de très-beaux cristaux de réalgar de Kapnick., ayant bien voulu en en ri(i) Tableau comparatif des résultats de la Cristallogr. et de l'Analyse chimique , etc. pag. 294.