Annales des Mines (1868, série 6, volume 13) [Image 28]

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MÉTÉORITES.

et surtout en opérant sur des masses considérables, dont le

poids s'est élevé à 2 et à, 7 kilogrammes, Au milieu de dessins dendritiques d'une régularité très-remarquable, et qui, d'après l'examen qu'en a fait M. Des Cloizeaux, paraissent disposés suivant les formes du dodécaèdre rhom-

boïdal régulier, on aperçoit alors la matière brillante, isolée et comme repoussée dans les interstices, sous une forme réticulée.

Pierres. i° Fusion. - Comme les pierres météoriques nous arrivent toujours recouvertes d'une croûte noire et vitreuse, due à une fusion superficielle opérée dans leur trajet à travers l'atmosphère, on pouvait croire qu'en les fondant dans des creusets, on .n'obtiendrait pas autre chose que cette même matière vitreuse. Or l'expérience est venue apprendre qu'il en est tout autrement, et que ces substances possèdent, au contraire, une aptitude bien prononcée pour la cristallisation. Ainsi, en liquéfiant des météorites de plus

de trente chutes différentes, j'ai toujours obtenu des masses éminemment cristallines. Si l'on sbumet à une température suffisamment élevée les météorites du type commun, la masse, après fusion, se compose d'un culot de grenailles métalliques et disséminées dans une gangue silicate et d'aspect lithoïde. Cette partie lithoïde se partage elle-même généralement en deux substances cristallines, bien distinctes par leurs formes.

L'une est à octaèdres rectangulaires très-surbaissés ayant la forme et la disposition qui caractérise le péridot, surtout

celui qui se forme dans les scories. La même substance s'est présentée sous deux autres formes, dans les produits de fusion (*). (*) D'après l'examen que M. Des Cloizeauk a bien voulu en faire, l'une de ces formes est en lames à six faces, composées de la base P,

du prisme g, et de la troncature g1; l'autre forme est composée de la base P et de deux biseaux, dont l'un placé sur les angles obtus

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EXPÉRIENCES SYNTHÉTIQUES.

La seconde substance présente habituellement des prismes à section rectangulaire, souvent alignés parallèlement entre eux et dont la cassure fibro-lamellaire rappelle beaucoup celle de la bronzite. Leur opacité ne permet pas ordinairement de décider s'ils appartiennent au système du prisme rhomboïdal droit ou au système oblique. Cependant comme ils sont exempts de fer pour la plupart et ne renferment plus

guère que de la magnésie, on doit les considérer comme appartenant, non au pyroxène, mais à l'espèce enstatite. En outre, sur le produit de la fusion de la météorite récemment tombée en Algérie, à Tadjera, on observe de nombreuses aiguilles incolores qui, examinées au microscope, montrent des angles très-nets, voisins de 87 degrés, comme ceux qui correspondent aux clivages de l'enstatite (*). L'essai chimique de ces deux substances justifie la détermination à laquelle conduit l'examen cristallographique. On sait que l'analyse de la plupart des météorites du type commun y décèle l'existence d'au moins deux silicates, l'un

attaquable, l'autre inattaquable par les acide. Dans les expériences dont je viens de rendre compte, il se fait un départ entre ces silicates qui étaient primitivement en mélange si intime, qu'on ne pouvait les distinguer. Ils se séparent, par une sorte de liquation, et bien plus nettement que dans la météorite naturelle ; c'est ainsi qu'on voit apparaître, sous différentes formes, les silicates magnésiens, le péridot (Mg. Si) et l'enstatite (Mg. Si'). La proportion relative de péridot et de l'enstatite, dans les produits de fusion, varie beaucoup avec les météorites ; c'est en général l'enstatite qui prédomine, et, dans un certain nombre, le péridot n'a pas paru en cristaux distincts (Chantonnay, Ensisheim, Agen, Château-Renard et Vouillé).

Au contraire le péridot peut se montrer en abondance prédu prisme primitif de 119°,15', appartient par les angles à la forme

a et dont l'autre est placé sur les angles aigus. (*) Comptes rendus, 1868, t. LXVI, p. 517. TOME XIII, 1868.

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