Annales des Mines (1867, série 6, volume 12) [Image 249]

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EAUX THERMALES DE LUXEUIL.

EAUX THERMALES DE LUXEUIL.

du hasard; il y a une raison pour que les sources d'infiltrations superficielles viennent souvent se montrer au jour à proximité des sources thermales, qui proviennent d'infiltrations profondes. Il suffit, en effet, qu'il existe à une petite profondeur une couche imperméable qui sépare les pre-

du grès bigarré une autre source d'origine et de nature tout à fait différente : c'est celle que l'on a nommée Eugénie. Ses eaux sont à peine minéralisées, mais jouissent de propriétés thermales ; et, ce qui suffit pour prouver que son origine est toute différente de celle des eaux minérales et des eaux ferrugineuses, cette source s'élève, par

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mières eaux des secondes, comme peuvent le faire à Luxeuil les bancs d'argile qui font partie intégrante du grès bigarré,

et que cette couche vienne à être interrompue dans son cours par le relief du sol, ou plus fréquemment par une faille ou cassure ou par une série de cassures parallèles et solidaires; les eaux thermo-minérales pourront alors s'élever jusqu'au jour en leur point d'émergence, à proximité des eaux d'infiltrations peu profondes, ferrugineuses ou autres, qui y descendront de leur côté, et par la même raison, à côté des eaux ordinaires formant les sources pures et les ruisseaux du pays. Cette coïncidence est souvent un obstacle au captage des eaux thermales, qu'il faut d'abord isoler des autres ; cette difficulté s'est présentée à Plombières, où les Romains

ont fait de gigantesques travaux pour la surmonter, à Luxeuil dans le captage des sources ferrugineuses, à Enghien où l'une des sources sulfureuses émerge sous le lit du lac, et dans maintes autres stations thermales. Les eaux thermales de Luxeuil offrent un exemple bien remarquable de cette coïncidence, qui n'y est pas seulement double, mais quadruple. En effet, les sources minérales jaillissent de tous côtés du grès bigarré, sous l'établissement et dans le parc. Dans la partie nord de celui-ci, elles se trouvent associées aux filets d'eau ferrugineuse provenant d'infiltrations superficielles : cette association par voisinage est si intime que les anciens avaient respecté

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suite de sa force de jaillissement, jusqu'à G mètres au-dessus du niveau de la roche. Enfin, à une faible distance vers le nord, se montrent au jour un très-grand nombre de sources

ordinaires, qui sortent des terrains diluviens ; ce sont : à kilomètre et H, 5, au nord-est, les fontaines Magny et l'Évêque ; à 2 kilomètres au nord et 3 kilomètres au nordouest, les fontaines Leclerc et du Miroir, qui fournissent l'eau alimentant la turbine de l'établissement ; à 3 kilomètres au nord, la fontaine d'Apollon et une foule d'autres. L'origine de ces sources d'eau ordinaire est encore toute différente des précédentes, mais toutes doivent la cause déterminante de leur jaillissement à une série de failles ou cassures dirigées du nord au sud, et produites à la fois dans le granit, le grès bigarré et les terrains diluviens. Cette quadruple rencontre est peut-être l'exemple le plus remar-

quable que l'on puisse citer de la coïncidence dans le jaillissement d'eaux de nature et d'origines différentes. § a. Sources diverses de Luxeuil.

ce mélange d'eaux d'origines différentes, comme un présent

On connaît, à l'établissement ou dans le parc de Luxeuil, vingt-cinq à trente points différents d'émergence de sources. Il y en a vingt-cinq portées sur un ancien plan de l'année 176o, retrouvé dans les archives de l'abbaye ; depuis cette époque, on en a trouvé plusieurs nouveaux ; d'autres se sont

sacré de la déesse Bricia, et l'avaient même favorisé et

perdus, et j'en ai précisément encore vingt-cinq à citer

complété en amenant les filets qui restaient isolés dans leur tube de captage, nommé depuis puits romain. Mais ce n'est

dans l'exposé qui va suivre. Mais il s'en faut de beaucoup qu'il y ait un aussi grand nombre de sources différentes; ce nombre est d'abord réduit à dix-sept par la classification

pas tout : à Go mètres du puits romain sort des fissures