Annales des Mines (1867, série 6, volume 12) [Image 244]

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EAUX 'THERMALES DE LUXEUIL.

ville, on voit le terrain interrompu à 5 kilomètres de dis tance, et avant le village de Fontaine, par la faille signalée par Thirria, sous le nom de faille de Conflans, qui le

met en contact avec les couches du keuper et du muschelkalk.

Dans l'autre direction, si l'on part de Luxeuil pour se diriger vers le département des Vosges au nord-est, on rencontre successivement le grès bigarré, le grès vosgien, puis le porphyre, qui forme à la fois, près de Faucogney, des escarpements à l'altitude de 52o mètres, et constitue la vallée du Breuchin à celle de 568 mètres ; enfin, le granit& commun (altitudes, 712 mètres au Mont-de-Fresse, 1.203 mètres au Ballon de Servance), terrain après lequel on descend dans la vallée de la Moselle, à l'altitude de Lino mètres.

Les eaux minérales de Luxeuil doivent à la fois leur naissance aux deux soulèvements dont je viens de suivre les traces ; mais leur existence est surtout intimement liée. au soulèvement des Vosges. La grande chaîne des Vosges, qui règne depuis le département du Haut-Rhin, près de Belfort, jusqu'au duché des Deux-Ponts, sur une étendue de 200 kilomètres, est formée de granite à grains fins ayant à sa base des lambeaux de granite porphyroïde, qui paraît l'avoir percé en plusieurs endroits et dont le soulèvement a dû accompagner, ou, si l'on veut, causer celui de la grande masse. Les terrains ignés n'ont pas d'âge de formation po-

sitif, puisqu'ils ont toujours fait partie intégrante de la masse terrestre, et l'on ne peut leur assigner qu'un âge relatif, qui est celui de leur épanchement ou de leur soulèvement dans la position qu'ils occupent actuellement. Le soulèvement des Vosges se place, d'après la nomenclature de M. Élie de Beaumont, entre la période de dépôt du grès vosgien, à laquelle il a mis fin, et celle de dépôt du grès bigarré et du muschelkalk. Lors du dépôt du grès bigarré, le grès vosgien , terrain très-tourmenté, tant dans sa

EAUX THERMALES DE -LUXEUIL.

463 structure, puisqu'il ne renferme aucun débris organique, que dans sa position, était déjà émergé du sein des eaux, et y formait les hauteurs et les escarpements au pied et autour desquels s'est déposée, pendant une période tantôt calme et tantôt agitée une série de couches, les unes arénacées, les autres argileuses, formées aux dépens du grès vosgien lui-même. C'est l'ensemble de ces couches, avec leurs alternances, qui constitue l'étage du grès bigarré et celui du muschelkalk. Le grès bigarré était donc complétement déposé au moment du premier soulèvement dont j'ai parlé pluS haut, qui est celui de la chaîne de la Côte-d'Or. Ce soulèvement se dirige du nord-est au sud-ouest, et c'est lui qui a dû, comme l'indique Thirria, dans son ouvrage sur la géologie de la Haute-Saône, donner naissance aux nombreuses failles pa-

rallèles qui sillonnent las terrains de ce département. S'il n'a pas été lui-même la cause première de ces cassures, il en est du moins contemporain, et a dû être formepar la même 'cause qu'elles. Or l'une de ces failles, celle de Conflans, dont j'ai parlé tout à l'heure, ne passe qu'à 5 kilomètres de Luxeuil, et affecte le terrain de grès bigarré ; elle n'est certainement pas étrangère à l'émergence des sources minérales dans cette région. L'épaisseur des terrains tertiaires qui recouvrent ici le granite doit être faible, ainsi que le prouvent mille indices, et les failles se prolongent indubitablement jusqu'à cette roche, qui doit offrir dans sa masse une série de cassures, auxquelles correspond encore le relief actuel du sol. Les eaux minérales de cette région viennent d'une profondeur assez grande ; l'on sait que Luxeuil n'est que l'un des points d'émergence de ces eaux, et que tout autour de lui se groupent les nombreuses stations composant la quatrième région hydro-minérale, laquelle s'appuie à. gauche sur le massif granitique des Vosges, et à droite sur celui de la Forêt-Noire. Sans vouloir poursuivre l'assimila-