Annales des Mines (1867, série 6, volume 11) [Image 64]

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EMPLOI DES EAUX D'ÉGOUT. 98 grue du M etro polis sewage awl Essex reclamation, exécutrice de l' oeuvre de MM. Napier et Hope, fut définitivement constituée. Les travaux, commencés il y a quelques mois,

sont aujourd'hui poussés avec une grande activité. Ainsi, la pensée hardie d'utiliser les déjections de la grande cité,

regardée naguère encore comme une utopie, est désormais

sortie du domaine de la théorie et sera bientôt passée à l'état de fait accompli. Sur la rive sud, la solution est moins avancée, mais elle ne saurait se faire. attendre. Déjà, plusieurs propositions ont été faites au conseil métropolitain (*) : il les examine en ce moment, et tout porte à croire qu'en 1867 une décision sera prise. Nous croyons savoir que MM. W. Napier et Hope se sont mis, en dernier lieu, sur les rangs, et qu'ils espèrent obtenir du Parlement un acte de concession dans la prochaine session. L'expérience qu'ils ont acquise sur la rive nord les rend plus aptes que personne à mener à bien l'entreprise de la rive sud. Examinons le plan de la Compagnie du Metro polis sewage.

Cette Compagnie se propose un double but 1° Arroser des terres actuellement en culture; 2° Reprendre sur la mer des plages de sable stériles et les fertiliser en y déversant le surplus des eaux. Cette dualité d'opérations a une extrême importance. Elle constitue le trait original du plan de MM. Napier et Hope, et elle en établit la supériorité sur ceux de tous leurs

rivaux. C'est elle, en effet, comme nous le verrons plus tard, qui donne la garantie du bon emploi des eaux en tous temps et qui, par suite, en assure la valeur, puisque, avons-nous dit, l'eau d'égout n'a sa vraie valeur qu'a la condition fondamentale qu'on en fasse usage selon les (*) Notamment par MM. Bighy Wason, Georges Shepherd, C. F. Kirkman, B. Smith, Th. Ellis, etc.

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convenances de la culture, et non selon les exigences

de la salubrité. Or la première objection que fait naître toute entreprise d'irrigation par l'eau d'égout, c'est précisément qu'on est exposé à ne pouvoir respecter les con, venances de la culture, à moins de se résigner d'avance à perdre une grande partie de l'eau disponible : car, à certaines époques de l'aimée, l'état de la végétation ou les circonstances atmosphériques ne permettent pas aux agri-

culteurs de recevoir l'engrais liquide, sans parler même de

la répugnance que plusieurs d'entre eux. peuvent

éprouver à se servir d'une eau dont ils n'apprécient pas encore tous les bons effets. Mais, d'un autre côté, le flot de la ville ne souffre point d'arrêt, c'est une source toujours ouverte, d'autant plus abondante même, que la saison est plus humide et que, par suite, les terres sont moins aptes à l'absorber. On paraît donc placé dans l'alternative ou de perdre à la mer une partie des liquides fertilisants, ou d'imposer aux agriculteurs l'obligation de les employer à toute époque et en quantité indéterminée ; deux solutions également défectueuses : la première, parce qu'elle est incom-

plète, la seconde, puisqu'elle compromet gravement la valeur commerciale de l'engrais. En outre, circonstance qui ici compliquait encore le problème, on n'aurait pas vu de bon il en Angleterre une société qui n'aurait pas admis le public à user de l'eau d'égout. Il fallait donc trouver une combinaison qui, tout en laissant aux agriculteurs la faculté

de profiter à leur convenance du nouvel engrais, permît cependant de se passer au besoin de leur concours, de telle façon que, quelle que fût leur participation, le bon emploi de l'eau fût toujours assuré. Telle est la pensée fondamentale du projet de MM. Hope et Napier; telles sont les conditions complexes auxquelles ils ont satisfait pleinement, comme nous le verrons, au moyen de la dualité d'opération que nous signalions tout à l'heure.