Annales des Mines (1866, série 6, volume 10) [Image 36]

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INFECTION DES EAUX.

MATIÈRES FÉCALES, EAUX-VANNES.

Il convient de mentionner ici un projet très-intéressant, auquel le nom de son auteur prête une importance toute particulière : nous voulons parler du projet de M. le préfet

fecte l'atmosphère, abandonne des liquides éminemment putrescibles. L'établissement le plus considérable en ce genre

de la Seine, consistant à mettre les fosses d'aisances en 'communication avec des conduites spéciales pratiquées dans l'un

des pieds-droits ou sous l'une des banquettes des égouts. Des machines à vapeur, ,agissant par aspiration sur l'ensemble de ces conduites, refouleraient les matières dans des réservoirs éloignés-, où elles seraient offertes à l'agriculture.

On trouvera à la Note h l'exposé officiel de ce projet, qui m'a pas encore eu de suite. La conversion des matières- fécales en poudrette est,

comme on sait, une opération des plus barbares, qui a pour résultat de perdre les 9110 des, principes fertilisants contenus dans l'engrais, et 'qui, en même tempe qu'elle infonctionnent-actuellement d'après ce système, an s'en lotte beaucoup. A Marseille, le directeur des travaux de la ville, M. Gassend, nous a dit être suffisamment édifié pour proposer l'adoption de ces appareils dans toutes les maisons, et l'admission des liquides aux ,égouts. En regard de ces adhésions considérables, la ville de Toulouse, où fonctionnent pourtant 5 ou floo de ces appareils, ne paraît pas disposée à en étendre le nombre. Une commission du conseil d'hygiène, dont faisait partie un habile chimiste, M.Filliol, a trouve les eaux-vannes trop impures pour qu'on pût les rejeter dans les égouts. M. Filhol estime, en outre, qu'à mesure que la tinette se remplit, la réaction s'y fait d'une manière de moins en moins complète, et, pour ainsi 'dire, seulement le long des parois. Enfin, divers fabricants d'engrais, M. Rohart à Paris, M. Commandré à Bordeaux, etc., nous ont paru peu favorables à ce système.

Il est superflu d'ajouter que l'emploi des réactifs de MM. Blanchard et Château n'est pas restreint aux tinettes filtrantes. Ces industriels proposent de les appliquer d'une manière générale pour la fixation de l'ammoniaque libre ou faiblement combinée, contenue dans toutes les matières ammoniacales liquides, ou fluides, ou so« lides, comme les matières fécales telles qu'elles se trouvent dans les fosses, les usines, les eaux de .gaz, les boues et immondices des villes, les eaux du rouissage des matières textiles, les eaux r; infectes des amidonniers, des fabricants de colle et de gélatine, les fumiers de ferme, les engrais facilement putrescibles, etc., etc.... » (Extrait d'un Mémoire de 31M. Blanchard et Clatteau.)

est celui de Bondy, qui reçoit le contenu des tonneaux à vidange de tout Paris, soit près de 2.000 mètres cubes par

jour. Les matières y parviennent à l'état fluide par l'intermédiaire d'un tube souterrain de 5o centimètres de dia-mètre, partant du dépotoir de la Villette, et dans lequel une machine à vapeur agit par voie de refoulement. Elles sont reçues dans sept bassins successifs, d'une superficie totale de 15 hectares et d'une contenance de 16o. 000 mètres cubes

environ. Le séjour, dans chaque bassin, dure à peu près six mois, en sorte que les matières- mettent trois ou quatre ans pour se convertir en poudrette. Elles n'arrivent à cet état final qu'après avoir perdu, non-seulement une grande quantité d'eau, mais encore une énorme proportion d'éléments fertilisants, qui s'échappent en empestant la contrée. Les liquides du dernier bassin, jugés suffisamment appauvris,

sont lâchés à la Seine, au moyen d'un siphon, en aval de Saint-Denis. Le volume ainsi refoulé dépassait naguère 50. 000 mètres cubes par an. Le progrès de ces derniers temps a consisté à exploiter ces eaux pour la. fabrication des sels ammoniacaux et à évacuer conséquemment des liquides beaucoup moins chargés qu'auparavant. Une importante usine vient d'être fondée par la Compagnie Bicher, sous la direction de M. Margueritte, qui est en voie d'introduire d'ingénieux perfectionnements dans cette industrie naissante. Les eaux sont distillées dans l'appareil connu vulgairement sous le nom de chauffe-vin. La vapeur qui barbotte sur les divers plateaux entraîne avec elle le carbonate

d'ammoniaque, qu'on recueille dans un condenseur. On concentre la liqueur, on la traite par l'acide sulfurique, et l'on obtient le sulfate d'ammoniaque par voie de cristallisation. Quand nous avons vu l'usine, M. Margueritte se proposait de traiter par l'acide sulfurique la moitié seulement

du carbonate et d'employer l'acide carbonique dégagé à