Annales des Mines (1866, série 6, volume 9) [Image 122]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

CILEMINS DE FER DE L'AUTRICHE. 2 14.

CIIENUNS DE FER DE L'AUTRICHE.

d'épaisseur, oblique vers la gauche lorsqu'elle est sortie des montagnes, passe à Legnano, et va se jeter dans la mer en suivant une direction parallèle à celle du Pô.

La ligne d'Innsprück à Botzen joint l'Inn à l'Adige, en franchissant les Alpes. Ce passage, indiqué par les cours de deux grandes rivières, est connu dePuis une haute antiquité. Si l'on en croit les traditions, le nom de Brenner n'est autre que le nom celtique de Brenn, et doit nous rappeler le passage des armées gauloises qui se jetèrent sur l'Italie.

Plus tard, les Romains adoptèrent spécialement, pour passer dans la Gaule Transalpine ou dans la Rhétie, quelques-uns des cols des Alpes; le mont Cenis, le Simplon et le Luckmannier étaient leurs routes favorites ; mais dest par Brenner qu'ils gagnaient leurs provinces de la rive droite du Danube, qui forma vers le nord la limite de l'empire. Au moyen âge, cette route prit un nouveau degré d'importance. Au point de vue politique, elle fut pour les

empereurs d'Allemagne la route la plus commode et la phis courte pour entrer en hall& Le nom de: Rivoli, et

plus tard la révolte d'André Hefer. enfin la masse de fortifications modernes entassées par le génie autrichien sur le revers méridional jusqu'à Vérone, montrent que les vallées de l'Adige et de l'Eisack n'ont pas perdu de notre ternps cette importance militaire. Au point de vue commer-

cial, la route du Brenner a servi, pendant tout le moyen âge, de communication au commerce de Venise avec l'Allemagne du Nord, commerce dont la ville d'Augsbourg était, au nord des Alpes, le principal entrepôt. C'est un négociant

d'Augsbourg qui, vers le xiv° siècle, rectifia à ses frais la route dans la portion comprise entre Saint-Verena et Botzen, et la ramena dans la vallée de l'Eisack en la faisant descendre des hauteurs où elle avait été maladroitement tracée. La décadence de Venise, produite par des causes multiples, et la rivalité des villes hanséatiques ont contribué

2 15

bientôt à faire baisser l'importance de cette grande artère européenne , à laquelle le chemin de: fer rendra peut-être un peu de son activité passée. Commencée en 1864, cette voie- sera ouverte en 1867, et ce sera la première voie ferrée traversant la grande chaîne des. Alpes. Avant de l'étudier, jetons un regard sur le pays. Parmi les diverses parties qui composent l'empire d'Autriche, le Tyrol est celle où l'on trouve le plus de sympathie pour le gouvernement central ; le caractère des. populations y a une trempe particulière. Elles sont ardemment catholiques.; Innspriick est un foyer ultramontain,.. et les idées religieuses; qui ont cours

dans ces montagnes semblent empruntées à un autre âge., Des, statues informes représentant le Christ se rencon-trent à chaque pas sur les routes. .La dévotion italienne,. bien différente, s'est plu à multiplier avec la même prefusion les images de la. Madone.. Si l'on compare les Tyroliens. aux Suisses, on est encore plus frappé des différences de leurs esprits, d'autant plus que le pays habité et les influences locales ont une analogie plus, complète. Cette opposition de caractères a eu des conséquences politiques très-graves. Si le Tyrol eût été doué de cette passion d'indépendance qui au Xiv' siècle souleva les premiers cantons suisses contre la maison de Habsbourg; si au lieu d'exagérer le zèle catholique il se fùt laissé, au mi° siècle, pététrein comme la Suisse, du levain de la réforme; si enfin la confédération helvétique avait pu s'adjoindre le Tyrol fait. des Grisons, ses voisins, l'indépendance comme nationale de r Italie aurait été depuis longtemps assurée, et les Italiens, n'auraient rien eu à craindre de l'Allemagne. Un matelas neutre eût prévenu les chocs entre ces deux vieilles ennemies irréconciliables. Même encore aujourd'hui, c'est le Tyrol autrichien qui fait la principale difficulté que l'on rencontre lorsqu'il s'agit de rendre la Vénétie italienne. Quoi qu'il en soit, les différences morales entre les Suisses et les Tyroliens sont un intéressant phénomène à observer,